
La suppression prochaine des Zones à Faibles Émissions (ZFE) en France fait couler beaucoup d’encre. Depuis le vote à l’Assemblée nationale le 17 juin 2025, de nombreux automobilistes s’interrogent : peut-on enfin dire adieu à la vignette Crit’Air collée sur le pare-brise ? Peut-on espérer un remboursement ? La réalité est, comme souvent, plus nuancée. Décryptage d’une situation encore loin d’être tranchée.
Une fin des ZFE… qui reste à confirmer
C’est un vote qui a fait grand bruit : dans le cadre d’une loi de simplification adoptée à l’Assemblée nationale, les députés ont acté la suppression des ZFE telles qu’elles étaient conçues. Pour leurs détracteurs, ces zones, souvent critiquées comme étant « à forte exclusion », constituaient une entrave à la mobilité pour de nombreux citoyens vivant en périphérie des grandes villes ou ne pouvant se permettre l’achat d’un véhicule récent et peu polluant.
Cependant, rien n’est encore définitif. La procédure législative suit son cours : la loi doit encore être examinée par une commission mixte paritaire, puis validée dans sa version finale. Et surtout, le texte devra passer l’épreuve du Conseil Constitutionnel. Ce dernier pourrait retoquer la suppression des ZFE au motif qu’elle serait sans lien direct avec le reste du texte. Un scénario jugé crédible par plusieurs élus, dont le député Paul Christophe (Horizons). Bref, les ZFE ne sont pas encore enterrées.
Des villes prêtes à maintenir les restrictions
Même dans l’hypothèse où le cadre national des ZFE serait abandonné, cela ne signifie pas que les restrictions de circulation disparaîtront partout. En effet, certaines agglomérations très engagées dans la lutte contre la pollution de l’air, à l’image de Paris, Lyon ou Grenoble, envisagent déjà de prendre des arrêtés municipaux pour maintenir, voire renforcer, les interdictions de circulation des véhicules les plus polluants.
Ce pouvoir réglementaire local leur permet de continuer à imposer des mesures de restriction, indépendamment des décisions prises au niveau national. Les automobilistes devront donc rester vigilants quant aux spécificités de chaque ville, d’autant que les règles pourront varier d’un territoire à l’autre.

La vignette Crit’Air, toujours obligatoire
Dans ce contexte flou, une chose est claire : il est encore trop tôt pour retirer sa vignette Crit’Air. Celle-ci demeure obligatoire, non seulement dans les zones ZFE encore en vigueur, mais aussi lors des épisodes de pollution. En cas de circulation différenciée – un dispositif activé ponctuellement par les préfets pour réduire les émissions – la présence de la vignette sur le pare-brise est indispensable pour circuler légalement.
Oublier ou refuser de l’afficher peut coûter cher : une amende de 68 euros est prévue, minorée à 45 euros en cas de paiement rapide, et pouvant grimper à 180 euros si le paiement tarde. En d’autres termes, le risque ne vaut pas les quelques centimes économisés en la retirant prématurément.
Remboursement de la vignette : un faux espoir
Quant à l’éventualité d’un remboursement de la vignette Crit’Air, elle relève pour l’instant de la fiction. Son coût modeste – 3,81 euros – et son usage encore effectif rendent improbable toute procédure administrative de remboursement. Aucune disposition légale ne prévoit à ce jour un tel dispositif, et il paraît peu probable que l’État mette en place une telle mesure, compte tenu de son coût de gestion disproportionné par rapport au montant concerné.
Patience et vigilance restent de mise
La suppression annoncée des ZFE pourrait représenter un tournant important dans la politique environnementale des transports en France. Mais elle n’est pas encore actée, et de nombreuses inconnues subsistent. Dans ce climat d’incertitude, les automobilistes doivent rester prudents : la vignette Crit’Air, qu’on l’apprécie ou non, continue de jouer un rôle réglementaire et opérationnel.
En attendant les décisions finales du Conseil Constitutionnel et les choix que feront les grandes villes, il est conseillé de conserver la vignette bien visible sur le pare-brise, et de suivre de près les annonces officielles concernant les restrictions locales. Car si les ZFE venaient à disparaître au niveau national, la guerre contre la pollution urbaine, elle, est loin d’être terminée.