Xiaomi YU7 : déjà revendu 2 800 € plus cher, la pénurie fait exploser les prix
Lancé en grande pompe le 26 juin, le Xiaomi YU7 déchaîne déjà les passions sur le marché automobile chinois. À peine les premiers exemplaires livrés, la berline 100 % électrique du géant technologique se revend bien plus cher en seconde main qu’en sortie d’usine. Une situation qui reflète un emballement inédit, nourri par des délais de livraison interminables, des quantités limitées, et un engouement qui dépasse largement les prévisions.
Un modèle attendu… mais livré au compte-goutte
La commercialisation du YU7, deuxième véhicule de la gamme Xiaomi après le SU7, a démarré sur les chapeaux de roue. Dès le 6 juillet, les premières unités étaient entre les mains des clients, mais face à l’afflux de commandes (plus de 248 000), la production peine à suivre. Selon la finition choisie, les délais s’étalent entre 41 et 60 semaines, une attente interminable qui pousse de nombreux clients impatients vers le marché de l’occasion.
Le phénomène n’a pas tardé à émerger : moins de trois semaines après les premières livraisons, plus de 80 exemplaires sont déjà disponibles à la revente sur des plateformes chinoises comme Dongchedi. Et les prix pratiqués donnent le tournis : certains modèles affichent jusqu’à 2 800 dollars de plus que leur prix catalogue. Des véhicules quasiment neufs, avec moins de 100 kilomètres au compteur, se vendent à prix d’or.
Quand la revente devient un business

Le phénomène dépasse largement le simple cas d’acheteurs changeant d’avis. Deux catégories dominent ce micro-marché ultra-spéculatif : des revendeurs professionnels qui ont anticipé l’engouement et acheté des exemplaires dès l’ouverture des ventes, et des plateformes spécialisées dans l’achat-revente rapide qui misent sur la rareté pour gonfler les marges. Certains concessionnaires ou intermédiaires n’hésitent pas à récupérer des véhicules à peine immatriculés pour les remettre en circulation avec plusieurs milliers d’euros de surcote.
Cette mécanique bien rodée n’est pas sans rappeler les pratiques du high-tech, où l’on observe depuis des années du scalping sur les consoles de jeux, les cartes graphiques ou les smartphones haut de gamme. Xiaomi avait pourtant tenté d’anticiper le coup : limitation des commandes à une par personne pendant les 24 premières heures, blocage des dépôts au-delà de 168 heures… Mais face à l’ampleur de la demande et à la réactivité des spéculateurs, ces restrictions ont montré leurs limites.
Un modèle prisé malgré les critiques
Fait notable : la frénésie actuelle se produit malgré les controverses. Plusieurs observateurs ont pointé du doigt une autonomie annoncée un peu trop flatteuse par Xiaomi. Pourtant, cela n’a pas refroidi les ardeurs des acheteurs. Au contraire, la valeur résiduelle de la gamme séduit. Le premier modèle SU7 affiche d’ailleurs un taux de rétention de valeur à un an de 88,91 %, un chiffre record dans le secteur de l’électrique. Cela contribue à renforcer la confiance des acheteurs dans l’investissement que représente l’acquisition, même sur le marché de seconde main.
Un encadrement à venir pour calmer la bulle
Face à la flambée des prix et à la multiplication des reventes spéculatives, les autorités chinoises s’inquiètent. Le ministère de l’Industrie envisage sérieusement d’interdire la revente d’un véhicule dans les six mois suivant son immatriculation. L’objectif serait de freiner ces transactions motivées uniquement par la plus-value et de garantir un accès plus équitable aux véhicules pour les particuliers réellement intéressés par une utilisation personnelle.
En attendant une éventuelle régulation, la situation continue de profiter à certains profils d’acheteurs. Pour ceux qui refusent d’attendre plus d’un an leur véhicule, payer 2 000 à 2 500 euros de plus peut sembler acceptable. D’autant plus que les délais ne montrent pour l’instant aucun signe d’amélioration.
Un précédent dans l’histoire de Xiaomi

Ce n’est pas la première fois que la marque est confrontée à ce genre de phénomène. Lors du lancement du SU7, les mêmes tendances s’étaient dessinées : prix gonflés sur les places de marché, pénuries temporaires, et spéculation à tout-va. Mais après quelques mois, le soufflé était retombé et les prix s’étaient stabilisés. Reste à savoir si le YU7 suivra le même parcours ou si la pénurie persistante prolongera l’effet bulle.
Un écho jusqu’en Europe
Le cas du Xiaomi YU7 n’est pas isolé à la Chine. L’Europe a connu une dynamique similaire début 2025 avec la nouvelle Renault 5 électrique. Là aussi, des exemplaires flambant neufs s’étaient retrouvés en ligne au prix du catalogue, voire légèrement au-dessus. Une manière, pour certains acheteurs, d’éviter les longs mois d’attente. Et une opportunité, pour d’autres, de revendre rapidement avec un petit bénéfice à la clé.
Dans un contexte où les nouvelles énergies suscitent un intérêt croissant, la vitesse de production des constructeurs et la régulation des marchés de revente deviennent des enjeux majeurs. Le Xiaomi YU7, en devenant l’objet d’un emballement aussi rapide, incarne parfaitement cette tension entre innovation, rareté et spéculation.
