
Volkswagen accélère sa mutation électrique et logicielle. Le géant allemand de l’automobile a décidé de renforcer sa collaboration avec le constructeur américain Rivian, avec un nouvel investissement d’un milliard de dollars en juin 2025. Ce deuxième versement porte la mise totale de Volkswagen à 2 milliards, dans le cadre d’un partenariat stratégique pouvant atteindre 5,8 milliards de dollars. Objectif : accélérer le développement de plateformes communes pour des véhicules électriques plus accessibles et technologiquement aboutis. Et peut-être, d’ici deux ans, commercialiser une citadine électrique à seulement 20 000 euros.
Un partenariat stratégique en plusieurs étapes
La coopération entre Volkswagen et Rivian remonte à 2024, lorsque les deux entreprises ont signé un accord de collaboration autour des technologies logicielles et électriques. Sur les 5,8 milliards de dollars envisagés, 3,5 milliards sont consacrés à l’achat de parts dans Rivian, tandis que 2,3 milliards serviront à créer une coentreprise dédiée à l’innovation technique. Chaque tranche de financement est conditionnée à la réalisation d’objectifs de rentabilité et de performance. Rivian, qui a enfin réussi à générer deux trimestres consécutifs de profit brut entre fin 2024 et début 2025, a ainsi débloqué le second milliard de Volkswagen.
Avec ces investissements progressifs, le groupe allemand détient désormais plus de 8 % du capital de Rivian, et pourrait, à terme, devenir son principal actionnaire, devant Amazon.
Une réponse aux défis logiciels de Volkswagen
Volkswagen a longtemps peiné à mettre au point des systèmes logiciels fiables et performants, notamment via sa filiale Cariad, qui a connu retards et ratés. Rivian, en revanche, a conçu une architecture électronique dite « zonale », répartissant les fonctions du véhicule en plusieurs zones indépendantes. Chaque zone est contrôlée par son propre module, ce qui permet une simplification radicale du câblage, une réduction des composants, et une meilleure stabilité du système.
Ce modèle d’architecture promet une baisse significative des coûts de production et des temps de développement. Et c’est précisément ce que recherche Volkswagen pour son avenir électrique : des voitures plus simples, moins chères à produire, et plus fiables sur le plan logiciel.
Objectif : une ID.1 à 20 000 euros dès 2027
L’un des projets phares de cette alliance est le lancement de l’ID.1, une petite voiture électrique destinée à concurrencer les modèles d’entrée de gamme. Prévue pour septembre 2027, la production de l’ID.1 aura lieu dans l’usine de Palmela, au Portugal. Grâce à l’architecture électronique Rivian et à des économies d’échelle, Volkswagen ambitionne un prix de base autour de 20 000 euros. Une révolution dans un marché où les véhicules électriques restent encore trop onéreux pour le grand public.
Ce modèle pourrait marquer un tournant stratégique pour le groupe, en rendant la mobilité électrique accessible à une population plus large, tout en conservant des marges bénéficiaires grâce à une gestion optimisée de l’électronique et des fonctionnalités logicielles payantes.

Une technologie appelée à s’étendre dans le groupe VW
L’architecture développée par Rivian ne sera pas réservée à la seule ID.1. Volkswagen prévoit déjà de l’étendre à d’autres marques du groupe. Audi, Porsche, puis les autres entités, y compris la nouvelle marque Scout spécialisée dans les SUV électriques, bénéficieront à leur tour de cette approche zonale. En revanche, la Chine restera un cas à part, avec une collaboration spécifique déjà établie entre Volkswagen et le constructeur local XPeng. Quant aux véhicules thermiques, ils ne seront pas concernés par cette transition technologique.
Pour Rivian, une bouffée d’oxygène bienvenue
Du côté de Rivian, ces investissements arrivent à point nommé. Bien que la marque américaine ait réduit ses pertes, passant d’un déficit de 1,4 milliard de dollars fin 2023 à 541 millions au premier trimestre 2025, elle prévoit encore une perte nette allant jusqu’à 1,9 milliard de dollars pour l’année. L’alliance avec Volkswagen devrait lui permettre de stabiliser ses finances et d’investir dans le développement de nouvelles gammes plus abordables, comme les R2 et R3, qui visent le segment grand public.
Au-delà de l’automobile, Rivian et Volkswagen misent sur un nouveau modèle économique basé sur la voiture « définie par logiciel » : mise à jour à distance, services connectés, options à activer à la demande, streaming embarqué… autant de sources de revenus post-achat qui transforment le véhicule en plateforme numérique sur roues.
Une stratégie offensive face à la concurrence
Volkswagen, en misant sur Rivian, cherche aussi à rattraper son retard face à Tesla, pionnier de l’électrification et du logiciel embarqué. Mais c’est également une manière de se prémunir contre la montée en puissance des constructeurs chinois, qui proposent déjà des modèles électriques très compétitifs à bas prix. L’alliance avec Rivian offre à VW une base technologique solide pour abaisser ses coûts et monter en gamme sur le plan numérique.