Voitures électriques : Tesla et les marques chinoises cartonnent au test d’autonomie du NAF

Le climat norvégien, souvent utilisé comme référence pour évaluer la robustesse des véhicules, a servi de théâtre au dernier test grandeur nature mené par le NAF, équivalent du TCS suisse ou de l’ADAC allemand. Cette organisation indépendante a renouvelé cet été son El Prix, le plus vaste essai comparatif de voitures électriques au monde, cette fois dans des conditions climatiques plus tempérées. Objectif annoncé, mesurer l’autonomie véritable des véhicules non pas jusqu’à la panne, mais à des seuils plus réalistes de 20 et 10 % de batterie restante. De quoi mieux refléter les habitudes des automobilistes, soucieux d’anticiper leurs recharges sans risquer l’arrêt total.

Une méthodologie plus proche de la conduite réelle

Contrairement aux essais classiques qui poussent les véhicules jusqu’à la limite de la batterie, le protocole du NAF s’appuie sur un usage plus représentatif. La plupart des conducteurs, en effet, rechargent bien avant d’atteindre les 0 %, pour éviter de détériorer la batterie et limiter le stress lié à l’autonomie. En intégrant les distances parcourues à 20 % puis à 10 %, l’essai permet d’obtenir une photographie plus concrète de l’autonomie utile. Les températures, comprises entre 7 et 17 degrés, ont permis d’éviter les effets extrêmes du froid sur les performances tout en restant dans un contexte climatique nordique crédible.

Tesla, toujours au sommet

Parmi les 27 modèles évalués, la Tesla Model 3 s’est illustrée avec 625 km au compteur au moment où sa batterie atteignait 10 %, et jusqu’à 721 km lors de l’arrêt total. Le Model Y a lui aussi brillé, parcourant 652 km, soit 66 km de plus que son autonomie annoncée en cycle WLTP. Ces performances témoignent non seulement de l’efficacité énergétique des modèles Tesla, mais aussi de la rigueur de leur gestion logicielle. Leurs écarts très réduits entre les données affichées et les distances réellement parcourues sont également une preuve de leur fiabilité à l’usage.

Les constructeurs chinois montent en puissance

Longtemps considérés comme outsiders, les constructeurs chinois s’invitent désormais dans le peloton de tête. Le Zeekr 7X, encore inconnu sur le marché français, affiche 543 km à 10 %, et une autonomie totale de 593 km, soit 52 km de plus que la norme WLTP. Même constat pour les modèles BYD Tang et Sealion 7, ou encore la MG S5, qui affichent des résultats proches, voire supérieurs, aux valeurs annoncées. Ces données confirment la stratégie offensive des marques chinoises sur le segment électrique, misant sur des batteries performantes, des carrosseries aérodynamiques et un prix de vente souvent plus compétitif que les marques traditionnelles européennes.

Des écarts notables chez certains constructeurs

Si la plupart des modèles testés confirment ou dépassent leurs chiffres d’homologation, certains font moins bien. C’est le cas de l’Audi Q6 e-tron, qui affiche une autonomie testée de 563 km, soit 19 km de moins que prévu. Plus marquant encore, la Lucid Air, pourtant capable de parcourir 829 km, reste 131 km en dessous de sa promesse de 960 km. L’écart, bien que relatif en valeur absolue, souligne l’importance de la cohérence entre les données marketing et la réalité du terrain.

Des progrès rapides sur l’autonomie globale

L’évolution des chiffres d’autonomie témoigne également de la maturité croissante du marché. En cinq ans, les modèles testés par le NAF ont gagné en moyenne 200 km d’autonomie. Une progression due autant à l’amélioration des technologies de batterie qu’à l’optimisation du rendement énergétique global des véhicules. La majorité des modèles dépassent aujourd’hui les 500 km réels sans recharge, et certains franchissent allègrement les 600 voire 700 km, rendant les longs trajets parfaitement envisageables avec une seule pause.

Une cartographie précise des seuils de recharge

Ce test norvégien révèle un point crucial pour les conducteurs d’électriques : au-delà des chiffres d’autonomie totale, ce sont les paliers de 20 et 10 % qui permettent une planification sereine des trajets. À 20 %, la Lucid Air avait déjà couvert 641 km. Le Model 3, 560 km. À 10 %, les chiffres grimpent, mais au prix d’une marge de sécurité réduite. De nombreux véhicules limitent automatiquement la puissance moteur et la vitesse lorsque le seuil de 10 % est franchi, pour maximiser les derniers kilomètres. Une stratégie utile mais qui impose une conduite plus prudente.

Des données clés pour les automobilistes

Avec une autonomie utile qui dépasse largement les 500 km sur la majorité des modèles, l’angoisse de la panne sèche semble progressivement reléguée au second plan. Le test du NAF renforce cette idée en offrant une base de comparaison tangible, centrée sur l’expérience utilisateur. Pour les constructeurs, c’est un rappel que l’autonomie affichée ne suffit plus : la cohérence avec la réalité devient un critère déterminant dans la course à l’électrique.

Dans cet environnement en mutation, Tesla reste le point de repère incontestable. Mais les marques chinoises progressent rapidement, en autonomie comme en précision. Un bouleversement que ce test grandeur nature ne fait que confirmer, avec des résultats qui redessinent les rapports de force sur le marché européen des véhicules électriques.