Utilitaires légers : un premier semestre 2025 en chute libre, mais des raisons d’espérer pour la fin de l’année
Le marché automobile français traverse une passe difficile, et les véhicules utilitaires légers (VUL), longtemps considérés comme les piliers de la mobilité professionnelle, ne sont pas épargnés. À l’instar des voitures particulières, les VUL enregistrent une baisse marquée de leurs immatriculations au premier semestre 2025. Avec 159 547 unités enregistrées entre janvier et juin, le recul atteint 11,18 % par rapport à la même période en 2024. Un signal clair que le secteur, pourtant stratégique pour de nombreuses entreprises, peine à retrouver son dynamisme.
Une baisse généralisée et continue
Pas un seul mois du premier semestre 2025 n’a permis d’égaler les niveaux de l’année précédente. En juin, qui est traditionnellement une période forte pour les ventes aux professionnels, seulement 32 796 immatriculations ont été comptabilisées, contre 43 431 en juin 2024. Un effondrement d’autant plus marquant que cette période est souvent utilisée par les entreprises pour renouveler ou étoffer leurs flottes.
Les raisons de cette contraction sont multiples. D’abord, la hausse des taux d’intérêt pèse lourdement sur les décisions d’investissement. Ensuite, la fin progressive des aides gouvernementales, notamment le bonus écologique pour certains modèles, freine l’élan vers le renouvellement, surtout pour les utilitaires électrifiés. Enfin, les retards persistants dans les chaînes de production et de livraison, en particulier sur les modèles les plus attendus, empêchent les livraisons d’atteindre leur plein potentiel.
Énergies : le diesel résiste, l’électrique progresse timidement
Le diesel reste la motorisation ultra-dominante pour les VUL, représentant 88 % des immatriculations (140 406 unités) malgré une baisse de 9 %. L’essence, quant à elle, continue sa dégringolade avec une chute de 38 %, se limitant à 6 351 unités. En revanche, l’électrique poursuit sa progression. Certes encore modeste, avec 10 696 immatriculations (7 % de parts de marché), cette croissance de 1,3 point traduit un intérêt croissant, notamment dans les zones soumises à des restrictions de circulation ou pour les entreprises engagées dans des démarches RSE.
Peugeot et Renault en tête sur le segment électrique

Dans le segment spécifique des VUL électriques, les fourgons compacts tiennent le haut du pavé. Le Peugeot e-Partner se hisse en tête des ventes avec 1 799 unités, suivi de près par le Renault Kangoo E-Tech et le Citroën ë-Berlingo. Plus surprenant, le Renault Master électrique enregistre une hausse spectaculaire de 150 % avec 900 immatriculations sur le semestre. Ce grand utilitaire 100 % électrique, capable de franchir la barre symbolique des 400 km d’autonomie, commence à séduire les gestionnaires de flotte, en particulier ceux contraints par les zones à faibles émissions.
Stellantis dominateur en volume, Renault fidèle à sa régularité
Si l’on observe les performances par constructeur, Stellantis confirme sa puissance de feu avec 62 950 immatriculations sur le semestre, soit 39,5 % de parts de marché. Grâce à un portefeuille multi-marques bien garni (Peugeot, Citroën, Fiat…), le groupe peut répondre à tous les besoins des professionnels. Renault n’est pas en reste : en tant que premier constructeur individuel, la marque au losange totalise 42 390 immatriculations, soutenue par les succès continus de ses modèles phares – Trafic, Master et Kangoo.
Le classement des utilitaires les plus vendus au premier semestre 2025 illustre bien cette domination. Renault place trois modèles dans le top quatre, tandis que Stellantis en aligne cinq dans le top 10. En tête, on retrouve le Renault Trafic (14 394 unités), suivi de près par le Renault Master (13 922), le Peugeot Partner (12 351) et le Renault Kangoo (11 769).
Des perspectives plus encourageantes pour le second semestre
Si la première moitié de l’année a été décevante, plusieurs signaux laissent présager une amélioration d’ici la fin de l’année. D’une part, de nombreuses commandes passées fin 2024 sont toujours en attente de livraison, ce qui pourrait gonfler les chiffres dans les mois à venir. D’autre part, l’arrivée de nouveaux modèles électrifiés, comme le Ford Transit Custom PHEV ou le Fiat Scudo à autonomie étendue, pourrait susciter un regain d’intérêt chez les acheteurs professionnels.
À plus long terme, la coentreprise Flexis, qui réunit Renault, Volvo et CMA CGM, prépare une nouvelle génération de VUL 100 % électriques, attendue pour 2026. Ces véhicules de nouvelle génération – incluant notamment les Estafette, Goelette et Trafic électriques – pourraient bien faire basculer le marché vers l’électrique, à condition toutefois que les politiques publiques suivent et soutiennent activement cette transition.
En attendant, le second semestre 2025 s’annonce décisif pour les constructeurs comme pour les professionnels. Il pourrait bien marquer le début d’un rééquilibrage, à condition que la conjoncture économique s’améliore et que les innovations parviennent à convaincre sur le terrain.
