Transport routier lourd : seule l’électrique à batteries jugée crédible pour décarboner le secteur
Alors que le secteur automobile semble avoir tranché en faveur du tout électrique, celui du transport routier lourd poursuit encore ses recherches pour atteindre une neutralité carbone. Une étude récente, pilotée par la Direction générale des entreprises, vient pourtant de dresser un bilan clair : seule la technologie 100 % électrique à batteries représenterait un véritable intérêt environnemental, économique et stratégique pour l’avenir.
Un secteur encore en phase d’évaluation
Le monde du transport routier, particulièrement celui des poids lourds, se montre plus prudent que l’automobile dans sa transition énergétique. En cause : des contraintes spécifiques telles que les longues distances à parcourir, la capacité de charge, les coûts d’investissement élevés ou encore l’infrastructure de recharge encore en développement.
L’étude en question se concentre sur les véhicules lourds des catégories N2, N3 et M3. Elle combine essais sur banc, tests routiers et mesures en conditions réelles. L’objectif : évaluer l’impact environnemental des principales motorisations disponibles sur le marché. Diesel, GNV, biocarburants, hybrides, solutions Dual Fuel, et bien entendu, électrique, sont passés au crible.
Des technologies concurrentes aux résultats inégaux
Des technologies vraiment concurrentes se font remarquer.
Diesel et GNV : une bataille serrée
Le diesel reste la technologie la plus répandue. Son concurrent direct, le gaz naturel (GNV), présente des performances environnementales mitigées. Si le GNV émet moins de NOx (oxydes d’azote), il génère davantage de particules fines, soulevant des préoccupations sanitaires.
L’option Dual Fuel : réduction partielle, mais polluants accrus
Le système Dual Fuel, combinant gaz et diesel, affiche une réduction notable des émissions de CO₂, de l’ordre de 14 % à 24 %. En revanche, cette technologie génère une hausse significative d’autres polluants, notamment le protoxyde d’azote et les particules fines. Des performances qui s’expliquent en partie par l’immaturité du système de post-traitement dans les véhicules testés.
Biocarburants et alternatives au diesel
Le B100, l’HVO et le GTL, trois types de carburants alternatifs, ne modifient que marginalement les émissions de gaz à effet de serre par rapport au diesel B7, avec des écarts d’environ 3 %. Les différences majeures apparaissent plutôt en fonction des conditions d’exploitation, comme la température ou la charge transportée.
L’hybride : une solution sous-estimée
Loin d’être adoptée massivement, l’hybridation semble pourtant prometteuse selon les données de l’étude. L’hybridation d’un moteur GNV permet une réduction des émissions de CO₂ allant jusqu’à 10 %, sans effet négatif sur les autres polluants. De même, les hybrides rechargeables au diesel affichent des performances variables selon les modes de conduite, mais peuvent, en mode zéro émission, éliminer les NOx.
L’électrique s’impose dans tous les critères

L’électrique à batteries est la seule technologie qui parvient à combiner avantage écologique, performance énergétique et intérêt stratégique pour l’industrie française. Selon l’étude, elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70 à 90 % par rapport au diesel, si l’on considère un mix électrique bas carbone. Même avec le mix européen moyen, les gains restent importants, entre 45 et 65 %, en intégrant la fabrication des batteries.
Un enjeu de souveraineté industrielle
L’étude ne se limite pas aux seules performances environnementales. Elle met aussi en avant les retombées économiques et industrielles de la transition électrique. En 2024, plus de 80 % des poids lourds électriques immatriculés en France ont été assemblés sur le territoire national, contre 40 % pour les camions diesel et seulement 10 % pour les modèles GNV.
Ce différentiel traduit une opportunité industrielle majeure pour la France, qui pourrait renforcer sa souveraineté énergétique et économique en misant sur le développement local de véhicules électriques lourds.
Des défis encore à surmonter
Malgré ses avantages, la technologie électrique pour poids lourds soulève encore des interrogations. L’autonomie réelle, le poids des batteries, les coûts d’achat et d’entretien, ainsi que le maillage du réseau de recharge restent des verrous technologiques et logistiques.
Néanmoins, l’étude conclut sans détour : la technologie électrique à batterie est la seule à présenter un réel intérêt environnemental à court et moyen terme. Elle surpasse toutes les autres alternatives non seulement en matière d’émissions, mais aussi en termes de perspectives industrielles pour la France.
