Toyota rappelle près de 10 000 véhicules en France : un moteur Stellantis en cause
Toyota, champion historique de la fiabilité automobile, traverse une période délicate avec une partie de sa gamme utilitaire. En cause, un problème récurrent de chaîne de distribution affectant le moteur 1.5 diesel issu du partenariat avec Stellantis. Le rappel lancé en France vise près de 10 000 véhicules. Un revers technique pour le constructeur japonais, dont la réputation est pourtant solidement bâtie sur la longévité et la robustesse de ses modèles.
Une fiabilité remise en question
Le blason Toyota, longtemps érigé en modèle de fiabilité, montre quelques fissures. Le constructeur a en effet été contraint de lancer un rappel concernant les Proace et Proace City équipés du moteur 1.5 D-4D. Sous ce nom familier aux habitués de la marque nippone, se cache en réalité le 1.5 BlueHDi développé par Stellantis, utilisé aussi bien par Peugeot, Citroën, Opel que Fiat. Ce bloc moteur, qui s’est imposé pour sa sobriété, traîne cependant une faiblesse chronique : l’allongement prématuré de sa chaîne de distribution, susceptible de provoquer une casse moteur si aucune intervention n’est réalisée.
Un moteur commun à toute une galaxie de modèles
La collaboration entre Toyota et Stellantis permet à la marque japonaise de proposer des utilitaires compacts sans avoir à développer un moteur diesel en interne. Un choix logique sur le plan économique, mais dont les conséquences techniques commencent à se faire sentir. La mécanique n’a subi aucune adaptation spécifique pour Toyota, exposant ainsi les modèles concernés aux mêmes risques que leurs cousins européens. Cette absence de différenciation technique a, d’un point de vue stratégique, permis de baisser les coûts, mais elle se retourne aujourd’hui contre Toyota, forcé de reconnaître les limites de cette solution partagée.

Un rappel désormais officiel
La campagne de rappel porte le code CL25-021 et cible exactement 9 676 véhicules en France. Sont concernés les Proace City, Proace City Verso et Proace Verso, produits entre le 5 septembre 2018 et le 1er février 2023. Ce rappel intervient après que Stellantis a lui-même initié une vaste opération de retour en atelier, visant plus de 900 000 véhicules. La chaîne de distribution mise en cause a depuis été renforcée : elle est désormais fabriquée avec un diamètre de 8 mm contre 7 mm auparavant, ce qui devrait définitivement régler le problème pour les modèles les plus récents.
Toyota utilise le même protocole de diagnostic que Stellantis. Lors de l’inspection, si la chaîne est jugée en bon état, seule une mise à jour du calculateur moteur et une vidange avec une huile modifiée seront effectuées. En revanche, si une usure est détectée, un remplacement complet de la chaîne pourra être envisagé. Le tout sans frais pour le propriétaire, dans le cadre du rappel officiel.
Une intervention à la carte
La durée de l’intervention varie fortement selon les cas, allant de moins d’une heure à près de cinq heures. Toyota préfère jouer la prudence en prévenant ses clients qu’un temps d’immobilisation plus long peut être envisagé, notamment en fonction des plannings des ateliers agréés. Il est donc recommandé aux propriétaires de prendre contact avec leur concessionnaire le plus tôt possible et, si nécessaire, de négocier un véhicule de courtoisie pour couvrir la durée des réparations.
Les lettres recommandées d’information sont en cours d’envoi aux détenteurs des véhicules concernés. Parallèlement, un outil en ligne permet de vérifier l’éligibilité d’un véhicule au rappel, via son numéro de série (VIN). Il est conseillé de consulter régulièrement cet outil, l’affichage pouvant prendre quelques jours avant d’être mis à jour.
Une politique de garantie plus timide
Là où Stellantis a frappé fort avec une extension de garantie jusqu’à 10 ans ou 240 000 kilomètres pour son moteur 1.5 BlueHDi, Toyota se montre plus discret. La marque japonaise préfère s’appuyer sur son programme Toyota Relax, qui offre une garantie allant jusqu’à 10 ans ou 180 000 kilomètres, à condition de réaliser un entretien annuel dans le réseau officiel. Pour les utilisateurs intensifs ou les flottes professionnelles, cette couverture reste toutefois inférieure à celle offerte par Stellantis.
Aucun engagement formel n’a été pris pour une prise en charge systématique au-delà de la campagne de rappel. Toyota invite plutôt ses clients à se tourner vers leur concessionnaire en cas de problème pour une éventuelle participation sur les frais de réparation. Une approche au cas par cas, qui pourrait laisser certains propriétaires sur leur faim.

Un incident qui ternit l’image
Toyota reste une référence mondiale en matière de fiabilité, mais cette affaire met en lumière les risques inhérents aux alliances industrielles. Le choix d’utiliser une mécanique externe, même éprouvée, comporte toujours une part d’incertitude, surtout lorsque des failles apparaissent à grande échelle. Ce rappel massif rappelle que la fiabilité perçue ne garantit pas une absence de défauts, en particulier lorsque des composants proviennent de partenaires extérieurs.
Si la réaction de Toyota a été rapide et structurée, cette affaire n’en demeure pas moins un coup dur pour une marque qui capitalise autant sur son image de qualité. Reste à savoir si la transparence de la campagne suffira à rassurer les clients et à maintenir intacte la confiance dans les utilitaires de la gamme Proace.
