Tesla Semi en feu : un incendie titanesque relance les inquiétudes sur les camions électriques
Le déploiement des camions électriques soulève des espoirs importants en matière de transport décarboné, mais aussi de nouvelles problématiques de sécurité. L’incendie spectaculaire d’un Tesla Semi en Californie, qui a nécessité pas moins de 227 000 litres d’eau pour être maîtrisé, met en lumière les défis spécifiques que posent les batteries géantes de ces véhicules d’un nouveau genre.
Un feu hors norme au cœur d’une vague de chaleur
L’incident s’est produit sur une route californienne en plein épisode de canicule. Le Tesla Semi, le poids lourd 100 % électrique de la marque d’Elon Musk, a pris feu alors qu’il était en circulation. Très rapidement, l’intervention des secours s’est avérée extrêmement complexe : face à une batterie d’environ 900 kWh, soit l’équivalent énergétique de plus de dix batteries de Tesla Model S, les pompiers ont été contraints de lutter pendant plus de 15 heures pour contenir les flammes.
Ce type de feu est particulièrement difficile à éteindre. Les cellules lithium-ion qui composent la batterie peuvent entrer en emballement thermique, une réaction en chaîne qui génère une chaleur intense et autoalimentée. De plus, même après une extinction apparente, les risques de reprise du feu restent élevés pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours.

Une méthode d’intervention inadaptée pour les camions
En général, les pompiers utilisent des conteneurs remplis d’eau pour immerger les voitures électriques incendiées, neutralisant ainsi l’alimentation de la batterie. Cette technique s’avère efficace pour éviter les rallumages. Cependant, elle est impossible à mettre en œuvre pour un camion aussi volumineux que le Tesla Semi.
Résultat : les secours ont dû adopter une stratégie bien plus gourmande en ressources. Le véhicule a été continuellement aspergé pendant des heures afin de refroidir la batterie et empêcher toute réactivation du foyer. Le chiffre est édifiant : 227 000 litres d’eau, soit l’équivalent de plusieurs piscines olympiques, ont été nécessaires. Un volume difficilement soutenable si de tels sinistres devaient devenir fréquents.
Faut-il craindre une multiplication des feux de véhicules électriques ?
Paradoxalement, malgré leur médiatisation, les incendies de véhicules électriques restent plus rares que ceux impliquant des voitures thermiques. Selon une étude de l’association AutoInsurance EZ publiée en 2020, une voiture électrique a 60 fois moins de chances de prendre feu de manière spontanée qu’un modèle essence ou diesel.
L’explication tient à la mécanique même : l’absence de moteur thermique, de carburant liquide inflammable et de nombreuses pièces en friction réduit les risques. Néanmoins, lorsqu’un incident se produit, les conséquences peuvent être plus spectaculaires et les moyens à déployer, plus lourds.
Des réponses technologiques émergent
Face à ces défis, certains constructeurs prennent les devants. Renault, par exemple, intègre dans ses véhicules un système baptisé « Firemen Access », qui permet aux pompiers d’accéder directement à la batterie pour la déconnecter ou l’inonder plus rapidement. D’autres innovations voient aussi le jour, comme cette prise d’urgence développée par une start-up néerlandaise, qui permettrait de couper instantanément l’alimentation d’un véhicule électrique en feu.
Mais ces solutions restent encore peu répandues, notamment sur les poids lourds électriques, qui nécessitent des systèmes d’intervention plus spécifiques compte tenu de la taille des batteries et de leur accessibilité plus complexe.
Un défi pour les secours et les infrastructures

L’affaire du Tesla Semi brûlé met surtout en évidence le manque de préparation des services de secours face à ces nouveaux types de véhicules. La quantité astronomique d’eau utilisée interroge sur les capacités logistiques des casernes, en particulier dans des zones sujettes à la sécheresse comme la Californie.
Avec l’électrification massive attendue dans le transport routier, la formation des pompiers, le développement d’équipements adaptés et la collaboration avec les constructeurs deviennent des priorités absolues. Il ne suffit plus de maîtriser les flammes : il faut repenser l’ensemble du protocole d’intervention.
Vers une électrification responsable ?
Cet incident, aussi spectaculaire soit-il, ne remet pas en cause la viabilité des poids lourds électriques, mais rappelle que chaque transition technologique comporte des effets secondaires à anticiper. La sécurité incendie des batteries géantes n’est pas un détail technique : c’est un **enjeu de santé publique et de durabilité, surtout dans un monde où les ressources en eau deviennent de plus en plus précieuses.
Pour Tesla comme pour les autres acteurs du secteur, le défi n’est donc pas seulement de proposer des camions zéro émission. Il s’agit aussi de garantir que leur utilisation à grande échelle soit sûre, contrôlable et soutenable pour l’environnement comme pour les infrastructures d’urgence.
