Tesla rattrapé par ses promesses d’autonomie : enquêtes, sanctions et scandale en Europe
Tesla, géant emblématique de la mobilité électrique, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique qui prend de l’ampleur des deux côtés de l’Atlantique. Accusée de pratiques commerciales trompeuses liées à la promesse de conduite entièrement autonome, la firme d’Elon Musk est désormais dans le viseur de plusieurs autorités, dont la Répression des fraudes en France. En Europe comme aux États-Unis, la communication ambitieuse du constructeur sur l’autonomie de ses véhicules suscite de plus en plus de scepticisme.
La DGCCRF hausse le ton
Le 24 juin 2025, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a officiellement sommé Tesla France de « cesser ses pratiques commerciales trompeuses ». L’objet de l’injonction : des publicités et présentations de véhicules laissant entendre que les modèles de la marque seraient dotés d’une autonomie de conduite totale. Or, selon l’enquête, ces affirmations s’avèrent exagérées, voire mensongères.
Tesla risque désormais une astreinte de 50 000 euros par jour si elle ne se conforme pas à l’injonction d’ici quatre mois. Toutefois, la marque semble minimiser la portée de la menace. Elle rappelle que les faits reprochés concernent essentiellement des commandes passées entre 2022 et 2023, et affirme avoir déjà rectifié les pratiques visées avant même la publication du rapport.
Des promesses floues et des déceptions

La critique la plus forte porte sur l’usage du terme « conduite entièrement autonome », un concept encore largement inaccessible selon la majorité des experts. Dans plusieurs vidéos de démonstration publiées récemment, notamment à Paris, Madrid et Rome, Tesla met en scène ses véhicules semblant se déplacer sans intervention humaine. Toutefois, la mairie de Madrid a dénoncé une mise en scène non autorisée, exigeant des explications claires du constructeur.
À Paris, Tesla s’est abritée derrière un discret avertissement inséré dans les images : « Les caractéristiques affichées ne rendent pas le véhicule autonome ». Une précision qui en dit long sur la prudence adoptée face à d’éventuelles poursuites.
Des experts sceptiques
Luc Julia, directeur scientifique chez Renault et co-créateur de Siri, a récemment exprimé devant le Sénat français un avis tranché : « Les Tesla actuelles se situent au niveau 2,5 d’autonomie, bien loin du niveau 5 promis ». Selon lui, aucune voiture aujourd’hui n’est capable d’une conduite totalement autonome dans toutes les conditions de circulation. Il prend pour exemple la mythique place de l’Étoile à Paris, insistant sur le fait qu’un véhicule respectant scrupuleusement le code de la route y serait tout simplement bloqué.
Pour Julia, l’autonomie complète relève encore de la science-fiction, et même les leaders du secteur comme Waymo (filiale de Google) peinent à atteindre ce graal. Tesla, de son côté, continue pourtant d’entretenir l’illusion d’un futur proche peuplé de véhicules capables de se déplacer sans conducteur.
Une affaire qui dépasse les frontières

Aux États-Unis, les remous judiciaires s’accumulent. Le 30 juin 2025, un tribunal arbitral a condamné Tesla à verser plus de 18 000 dollars à un client mécontent. L’avocat Marc Dobin avait acheté un Model Y, séduit par la promesse d’un système de conduite autonome. Mais cette fonction, selon lui, n’a jamais été activée, et Tesla n’a jamais été en mesure de fournir d’explication technique satisfaisante.
Autre point controversé : les « robotaxis » lancés au Texas depuis le 22 juin. Présentés comme une avancée vers l’autonomie totale, ces véhicules nécessitent encore la présence d’un ingénieur Tesla à bord, voire d’un opérateur distant pour la conduite à distance. Une preuve supplémentaire que la technologie est loin d’être au point.
Une réputation fragilisée
Ces affaires mettent en lumière un décalage criant entre le marketing de Tesla et la réalité technologique. La marque, pionnière de l’électrification automobile, se heurte désormais à une attente croissante de transparence et de fiabilité. Les promesses ambitieuses d’Elon Musk, longtemps tolérées au nom de l’innovation, commencent à lasser, voire à inquiéter.
Dans un marché de plus en plus concurrentiel, où la confiance du consommateur est cruciale, Tesla joue gros. Les autorités, qu’elles soient françaises, espagnoles ou américaines, semblent déterminées à ne plus laisser passer les excès de communication. Si le constructeur veut préserver son image de leader visionnaire, il devra désormais faire preuve de plus de rigueur… et peut-être moins de promesses.
