Tesla promet des Robotaxi pour la moitié des Américains d’ici fin 2025 : info ou intox ?
L’annonce a fait grand bruit. Lors d’une conférence tenue pour dévoiler les résultats financiers du deuxième trimestre, Elon Musk, PDG de Tesla, a une nouvelle fois captivé l’attention en déclarant que la moitié de la population américaine aurait accès aux Robotaxi d’ici la fin de l’année. Une promesse qui s’inscrit dans la lignée des grandes ambitions du patron de Tesla, mais dont la faisabilité semble plus que jamais discutable.
Une démonstration limitée à Austin
Depuis le mois de juin, Tesla expérimente en conditions réelles une flotte de Robotaxi dans la ville d’Austin, au Texas. Vingt véhicules Model Y autonomes sont en circulation dans un périmètre limité. L’idée : tester la technologie dans un environnement urbain tout en maintenant un haut niveau de sécurité. Chaque véhicule est ainsi accompagné d’un employé chargé de superviser la conduite et d’intervenir si nécessaire, bien qu’il n’ait pas accès aux commandes.
Cette présence humaine obligatoire démontre à elle seule que le service est encore loin d’être totalement autonome. De plus, les véhicules ne circulent que de jour et par beau temps. Les scénarios imprévus ou les conditions difficiles restent un obstacle de taille pour les systèmes de conduite autonome de Tesla, qui reposent sur une technologie encore en phase d’apprentissage.
Un déploiement national hautement improbable
Elon Musk affirme que le service pourrait être étendu à d’autres États comme la Californie, la Floride, le Nevada ou encore l’Arizona. Pourtant, aucun de ces territoires n’a pour l’heure donné son feu vert pour accueillir les Robotaxi de Tesla. Pire encore, l’entreprise fait actuellement face à plusieurs procédures judiciaires pour pratiques commerciales trompeuses, ce qui pourrait ralentir davantage le processus d’obtention des autorisations nécessaires.
Le développement d’un réseau de Robotaxi à grande échelle implique également des investissements massifs : infrastructures de contrôle, centres d’entretien, personnel qualifié, sans compter les défis logistiques dans chaque ville ciblée. Ce sont des conditions complexes à réunir en seulement quelques mois, d’autant que Tesla traverse une période difficile sur le plan financier, avec un deuxième trimestre consécutif marqué par une baisse des ventes et du chiffre d’affaires.
Une réponse à la pression concurrentielle
Si Elon Musk multiplie les annonces, c’est aussi pour repositionner Tesla dans un secteur de plus en plus concurrentiel. L’entreprise Waymo, filiale d’Alphabet (maison-mère de Google), exploite déjà une flotte de 1 500 véhicules autonomes dans six villes américaines. Elle dispose d’une longueur d’avance technologique et réglementaire, et son service est déjà opérationnel sans personnel à bord dans certaines zones.
Face à cela, Tesla semble vouloir rattraper son retard par des annonces ambitieuses, parfois perçues comme déconnectées des réalités techniques et administratives. La promesse d’un accès aux Robotaxi pour la moitié de la population américaine ressemble davantage à un coup de communication destiné à rassurer les investisseurs qu’à une feuille de route concrète.
Le Cybercab en ligne de mire

Malgré ces obstacles, Tesla poursuit le développement d’un véhicule encore plus futuriste : le Cybercab. Annoncé pour 2026, ce modèle sera entièrement dédié au transport autonome, sans volant ni pédales. Contrairement au Model Y modifié pour les besoins actuels, le Cybercab incarne une nouvelle approche de la mobilité, pensée dès sa conception pour se passer totalement de conducteur humain.
Mais là encore, l’histoire de Tesla invite à la prudence. Les délais annoncés par Elon Musk sont souvent sujets à des retards importants, et il reste à voir si ce véhicule dépassera le stade du prototype pour devenir un produit commercial viable à grande échelle.
Des promesses à prendre avec recul
Au final, l’annonce d’Elon Musk illustre une stratégie bien connue : attirer l’attention avec des objectifs spectaculaires, quitte à faire l’impasse sur les contraintes concrètes. L’expérimentation des Robotaxi à Austin, bien que prometteuse, n’en est qu’à ses débuts. Et les ambitions nationales affichées apparaissent prématurées face aux nombreux défis encore à surmonter.
Tant que les véhicules autonomes ne sont pas capables de gérer de manière fiable une large gamme de situations complexes et tant que les États ne donnent pas leur feu vert, il paraît peu probable que les Robotaxi de Tesla roulent massivement sur les routes américaines dans les mois à venir. Pour l’instant, le rêve de mobilité sans conducteur reste plus proche de la fiction que d’une réalité généralisée.
