Alors que la concurrence chinoise met à mal les ventes de ses voitures électriques, Tesla rebondit là où on ne l’attendait pas : dans le stockage d’énergie. La firme d’Elon Musk a récemment signé un accord stratégique avec la ville de Shanghai pour construire l’un des plus grands parcs de batteries stationnaires au monde. Un projet colossal à environ 500 millions d’euros, qui pourrait bien redonner de l’élan à l’entreprise en Chine, un marché devenu aussi lucratif que féroce.
Une industrie automobile en repli
Sur les cinq premiers mois de 2025, Tesla a vu ses volumes de production en Chine chuter de 18 % par rapport à l’année précédente, avec 292 000 véhicules sortis de l’usine de Shanghai. Une baisse inquiétante pour un marché que Tesla dominait autrefois sans partage, désormais bousculé par une armée de concurrents locaux comme BYD, Nio ou XPeng, qui rivalisent d’innovations et de prix cassés.
Mais Tesla ne se résume pas à des voitures. L’entreprise américaine peut également compter sur sa division énergétique, Tesla Energy, pour diversifier ses revenus. Et c’est justement cette branche qui s’apprête à jouer un rôle crucial dans la stratégie asiatique du groupe.
Les megapack de Tesla : des containers d’énergie
L’accord signé avec le gouvernement municipal de Shanghai concerne l’installation d’un gigantesque parc de batteries de stockage stationnaires, basé sur les célèbres Megapack de Tesla. De la taille d’un container maritime, chaque Megapack peut stocker environ 4 MWh d’énergie, soit l’équivalent de 77 batteries de Renault 4 électriques.
Produits directement à Shanghai, ces Megapack sont destinés à amortir les pics et creux de production des énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, connus pour leur intermittence. Le parc de batteries servira ainsi de tampon, stockant l’énergie lorsqu’elle est surabondante et la réinjectant dans le réseau électrique lors des périodes de forte demande ou de faible production.
Une victoire face à BYD, mais une dépendance persistante
Selon Tesla, qui a confirmé l’accord sur le réseau social chinois Weibo, le projet a été attribué à l’entreprise américaine à l’issue d’un appel d’offres où elle était en concurrence directe avec des géants chinois comme BYD, également leader dans la fabrication de batteries.
Cette victoire est stratégique, car elle marque une rare percée d’une entreprise étrangère dans un domaine dominé par les firmes locales. Cependant, cette avancée est à nuancer : Tesla dépend encore fortement de ses partenaires chinois, notamment CATL, l’un des plus grands producteurs mondiaux de cellules de batteries, qui reste un fournisseur-clé pour les Megapack.
En d’autres termes, même lorsque Tesla gagne des contrats, les fournisseurs chinois restent indispensables à la chaîne de production, captant une partie des bénéfices en amont.
Une réponse aux ambitions vertes de Pékin
Ce méga-contrat s’inscrit également dans la stratégie énergétique nationale de la Chine. Le gouvernement vise à atteindre une capacité de stockage de 40 GWh d’ici la fin 2025, avec une avance notable sur son calendrier initial. Le pays investit massivement dans des infrastructures capables de mieux gérer l’énergie renouvelable, afin de réduire sa dépendance au charbon tout en garantissant la stabilité du réseau électrique.
Les Megapack de Tesla arrivent donc au bon moment. En plus de consolider la position de l’entreprise sur un segment d’avenir, ce projet permet à la Chine de diversifier ses solutions technologiques tout en gardant un contrôle sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Un bol d’air pour Tesla
Avec cet accord estimé à près de 500 millions d’euros, Tesla retrouve de la vigueur sur un marché où elle semblait vaciller. Même si les marges de l’activité énergétique sont moindres que celles de l’automobile, ce contrat offre à la firme un levier stratégique : diversification de revenus, développement local, et valorisation de son savoir-faire dans les batteries à grande échelle.
Pour Elon Musk, qui multiplie les défis en 2025, ralentissement global des ventes, pressions réglementaires en Europe, concurrence féroce, ce contrat chinois représente bien plus qu’un simple deal industriel. C’est une démonstration que l’empire Tesla peut encore s’étendre au-delà des voitures, en s’attaquant à l’un des grands enjeux de la transition énergétique mondiale.
