Suisse : une surtaxe en vue pour les automobilistes étrangers en transit cet été
Les vacances d’été battent leur plein, et comme chaque année, des milliers d’automobilistes traversent les routes européennes pour rejoindre leurs lieux de villégiature. Parmi les passages les plus empruntés figure le tunnel du Gothard, véritable goulet d’étranglement reliant le nord de l’Europe à l’Italie via la Suisse. Face aux embouteillages massifs qui s’y forment, les autorités suisses envisagent de modifier leur politique d’accès autoroutier. Un projet de surtaxe pour les automobilistes étrangers est désormais à l’étude.
Vers la fin de la vignette unique ?
Jusqu’ici, la Suisse se distinguait par un modèle simple et attractif : une vignette annuelle à environ 40 euros permet de circuler librement sur l’ensemble du réseau autoroutier helvétique. Pas de péages comme en France, mais un système basé sur une tarification fixe, à condition d’apposer la vignette sur son pare-brise. Cependant, ce système atteint ses limites, notamment sur certains axes particulièrement engorgés.
Le tunnel du Gothard, situé dans le canton d’Uri, est l’exemple parfait. Ce passage stratégique attire chaque année un flot continu d’automobilistes étrangers, notamment allemands, hollandais, français ou belges, en route vers le sud. Résultat : plusieurs heures de bouchons sont observées lors des départs en vacances. Une situation qui exaspère les riverains, au point de remettre en cause le modèle actuel.
Un projet de taxe supplémentaire en préparation
Pour désengorger les routes et limiter le transit de courte durée, plusieurs élus suisses soutiennent l’idée d’introduire une nouvelle taxe applicable aux automobilistes étrangers qui ne passent pas la nuit en Suisse. Autrement dit, les conducteurs en simple transit pourraient être soumis à une surtaxe, en plus de l’achat de la vignette obligatoire.
Selon la Radio Télévision Suisse (RTS), cette taxe serait modulable : plus légère en période creuse (environ 30 francs suisses) et beaucoup plus salée en cas de forte affluence. Lors des grands week-ends de départ ou pendant les congés scolaires, la facture pourrait atteindre plusieurs centaines d’euros. Une proposition ambitieuse, soutenue par une centaine de parlementaires helvètes, qui devrait être débattue à Berne dès septembre.

Des modalités de contrôle en discussion
Pour appliquer cette nouvelle taxation, les autorités envisagent un dispositif de contrôle basé sur la reconnaissance des plaques d’immatriculation, grâce à des caméras installées aux points d’entrée et de sortie du pays. Les conducteurs en transit devraient alors prouver qu’ils ont séjourné au moins une nuit en Suisse, via une réservation d’hôtel ou tout autre justificatif.
Des exceptions pourraient toutefois être prévues pour les frontaliers qui traversent la frontière quotidiennement pour le travail. Ces derniers, appelés pendulaires, seraient probablement exemptés pour éviter de les pénaliser injustement. Le défi réside désormais dans la mise en œuvre d’un système équitable, qui ne soit pas jugé discriminatoire vis-à-vis des citoyens européens.
Une taxe à la légalité encore incertaine
L’idée d’une taxe ciblant uniquement les automobilistes étrangers ne fait pas l’unanimité. Certains juristes évoquent une possible incompatibilité avec les règles européennes, notamment le principe de non-discrimination entre ressortissants de l’Union. Même si la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, elle est soumise à plusieurs accords bilatéraux avec l’UE qui imposent des règles strictes en matière de circulation et de traitement équitable.
Ce point de friction pourrait freiner le projet ou contraindre les autorités à ajuster le dispositif afin d’éviter une discrimination trop flagrante. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un projet, mais les discussions à venir à la rentrée détermineront si cette taxe pourra effectivement voir le jour.
Une tendance européenne ?
La Suisse n’est pas la seule à s’interroger sur le modèle de financement de son réseau routier. En Belgique, la Wallonie envisage également d’introduire une taxe spécifique à l’année pour les automobilistes étrangers, notamment les Français qui empruntent gratuitement les autoroutes wallonnes. Les élus locaux pointent du doigt l’état dégradé de certaines infrastructures et l’absence de contribution des visiteurs étrangers. L’idée serait donc de leur faire participer à l’entretien du réseau via une taxe similaire à celle que paient les automobilistes locaux.
Une tendance semble se dessiner en Europe : les pays qui pratiquaient jusqu’ici un accès peu contraignant à leurs autoroutes pourraient revoir leur copie. Sous pression budgétaire et face aux enjeux d’entretien, ils cherchent de nouvelles sources de financement. Et les automobilistes étrangers, souvent en transit, deviennent une cible privilégiée.
