
Trois ans après avoir misé sur Amazon pour révolutionner l’expérience à bord de ses véhicules, Stellantis change de cap. Le groupe annonce l’abandon du projet SmartCockpit et choisit Android Automotive pour équiper ses futures Alfa Romeo, Peugeot, Citroën et Jeep. Une décision stratégique qui marque la fin des promesses non tenues du partenariat avec Amazon, et un nouveau départ pour le logiciel embarqué du constructeur.
Adieu SmartCockpit, adieu les rêves de super-cockpit connecté
En 2021, Stellantis et Amazon avaient annoncé en grande pompe une collaboration inédite : le SmartCockpit. Objectif : transformer la voiture en véritable hub numérique roulant, avec un assistant vocal avancé, un système de navigation connecté, des services de paiement et une marketplace embarquée. Tout cela devait générer des revenus colossaux : 22,5 milliards de dollars par an, pour équiper 34 millions de véhicules connectés d’ici 2030.
Mais la réalité fut bien différente. Selon des sources internes, le projet est resté au stade des présentations PowerPoint. Les équipes Amazon ont été réaffectées ou sont parties, les livrables concrets n’ont jamais abouti et le calendrier a glissé. Prévu pour 2024, le SmartCockpit n’a jamais vu le jour. Ni les promesses de réglages automatiques du conducteur, ni l’intégration domotique avec Alexa n’ont dépassé le stade des annonces.
Les départs au sein de Stellantis, dont celui précipité de Carlos Tavares, et la chute de 40 % du titre en 2024 ont achevé de sceller le sort du projet. Stellantis ferme donc le chapitre SmartCockpit pour mieux rebondir.
Android Automotive : un choix de pragmatisme
En optant pour Android Automotive, Stellantis suit la voie déjà tracée par Volvo, Renault ou General Motors. Contrairement à Android Auto (simple réplique du smartphone sur l’écran de la voiture), Android Automotive est un système d’exploitation embarqué complet qui gère l’infodivertissement, la navigation, la connectivité et même les assistants vocaux comme Gemini ou Alexa.
Ce choix permet à Stellantis de s’appuyer sur une base logicielle éprouvée et de bénéficier de l’écosystème Android, avec des millions de développeurs dans le monde. Cela simplifie la tâche des équipes techniques et garantit une expérience plus fluide aux utilisateurs. Un avantage considérable par rapport à l’usine à gaz qu’était en train de devenir SmartCockpit.
Stellantis pourrait même opter pour Android AOSP (Android Open Source Project) afin de développer sa propre surcouche logicielle, à l’instar de BMW ou Porsche. Cela lui permettrait de conserver un certain contrôle sur l’interface utilisateur et les services connectés, tout en profitant de la solidité d’Android Automotive.
Une rupture partielle avec Amazon
Attention, ce n’est pas un divorce complet. Stellantis continuera d’utiliser Amazon Web Services (AWS) pour la gestion et le stockage des données. Alexa, l’assistant vocal, restera également disponible sur certains modèles. En revanche, le rêve d’un cockpit Amazon centré sur le commerce et la maison connectée s’évanouit.
Le groupe conserve par ailleurs son architecture logicielle STLA Brain, ainsi que son système d’aide à la conduite AutoDrive développé avec BMW. Mais ce virage vers Android illustre bien la difficulté des constructeurs traditionnels à maîtriser la révolution logicielle dans l’automobile.
Une révolution logicielle encore à construire
L’industrie automobile est en pleine transformation : autonomie de conduite, services à la demande, gestion intelligente de la batterie et mises à jour à distance. Les géants comme Tesla ou les constructeurs chinois comme BYD ont pris de l’avance en développant des architectures propriétaires. Stellantis, avec la diversité de ses marques et de ses fournisseurs, doit composer avec une complexité bien plus grande.
Ce choix d’Android Automotive est donc à la fois un aveu de pragmatisme et une volonté de rattraper le retard. Le constructeur vise toujours 34 millions de véhicules connectés d’ici 2030, mais avec un logiciel plus mature et plus rapide à déployer.
Alfa, Peugeot et Citroën bientôt plus sympas à vivre ?
Cette décision de Stellantis pourrait bien être une bonne nouvelle pour les conducteurs. Fini les promesses de cockpits démesurés et inaboutis, place à un système robuste, fluide et personnalisable, déjà plébiscité par les utilisateurs de Volvo ou Renault.
À terme, Alfa Romeo, Peugeot, Citroën et Jeep bénéficieront d’un environnement plus proche des standards attendus en 2025 : mise à jour OTA, applications connectées, assistants vocaux fiables et navigation intégrée. De quoi rendre les futures générations de véhicules plus sympas à vivre… et enfin à la hauteur des ambitions de Stellantis.
🧾 Résumé technique – Virage logiciel de Stellantis
Éléments | Détails |
---|---|
Projet abandonné | SmartCockpit (Amazon) |
Nouveau choix | Android Automotive (Google) |
Véhicules concernés | Alfa Romeo, Peugeot, Citroën, Jeep |
Objectif initial | 22,5 milliards $ de revenus annuels |
Objectif actuel | 34 millions de véhicules connectés d’ici 2030 |
Services Amazon conservés | AWS (cloud) et Alexa |
Technologies internes | STLA Brain, AutoDrive (BMW) |
Raison du changement | Retard, absence de livrables, départs d’équipes |