Dans les coulisses de son Technocentre de Guyancourt, Renault écrit une nouvelle page de son histoire en intégrant l’intelligence artificielle (IA) au service après-vente. Face aux défis d’un parc automobile vieillissant, à la complexité croissante des véhicules et à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les garages, le constructeur au losange mise sur l’innovation technologique pour améliorer l’expérience client. Le diagnostic, la réparation et même la peinture de carrosserie sont désormais des domaines où l’IA et la robotique entrent en jeu. Une révolution silencieuse, mais ô combien significative.
Le diagnostic acoustique : quand l’IA écoute votre voiture
L’un des premiers usages concrets de cette technologie est le diagnostic des bruits suspects, l’un des motifs les plus fréquents de passage à l’atelier. Renault a lancé une solution basée sur l’intelligence artificielle capable d’analyser des sons enregistrés pour aider les techniciens à identifier plus rapidement l’origine d’un problème. Déployée depuis juin dans le réseau français, cette technologie vise à équiper 8 000 utilisateurs d’ici la fin de l’année.
L’enjeu est de taille : chaque client perçoit les bruits de manière subjective, rendant le diagnostic souvent fastidieux et approximatif. Claquement, grincement, craquement… l’IA, alimentée par une base de données de plus de 2 000 sons, vient rationaliser cette étape délicate. À terme, il sera même possible d’enregistrer le bruit directement depuis le système multimédia de la voiture et de le transmettre à l’atelier. Un futur proche qui s’apparente déjà à un « Shazam de la panne automobile », comme le rêve Frédéric Clevede, expert data et IA chez Renault.
Diagnostiquer à distance pour anticiper les pannes
Renault va encore plus loin avec la technologie Diag Predict, attendue à grande échelle d’ici 2026. En s’appuyant sur la fonction Diag Remote, déjà opérationnelle sur des modèles récents comme la Megane E-Tech, cette solution permet aux ateliers d’effectuer un diagnostic à distance. L’IA compare alors les codes défauts du véhicule avec ceux recensés lors d’interventions passées, afin d’anticiper quelles pièces seront nécessaires à la réparation.
Ce système intelligent permet d’éviter les mauvaises surprises : plus besoin d’immobiliser une voiture pendant des jours faute de pièces disponibles. Mieux encore, cela permet aux conseillers techniques, même les moins expérimentés, de mieux organiser le planning de l’atelier. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre 60 % de diagnostics prédictifs avant l’arrivée du véhicule.
La peinture assistée par robot : l’atelier de demain
L’intelligence artificielle ne se limite pas au diagnostic : elle s’invite aussi dans l’univers très manuel de la carrosserie. Via sa filiale Ixell, Renault développe un robot-assistant capable d’effectuer certaines opérations de peinture, notamment sur les pièces de carrosserie simples comme les capots. Loin de remplacer les peintres professionnels, ce robot est destiné aux tâches les plus répétitives et inconfortables, souvent chronophages et physiquement éprouvantes.
L’avantage est double : garantir une application homogène et constante, tout en réduisant l’exposition des ouvriers aux solvants toxiques. Une démonstration impressionnante a été réalisée avec une teinte vert éclatante inspirée du concept de la future Twingo électrique, une couleur parmi les plus difficiles à maîtriser manuellement. Bien que ce robot soit encore en développement, les premiers résultats sont prometteurs, même si son avenir commercial reste encore à définir.
Une réponse concrète à la crise des garages
En pleine mutation, le secteur de l’après-vente automobile souffre d’un manque criant de personnel qualifié et doit faire face à un parc roulant plus vieux et plus complexe. Renault ne se contente pas de constater le problème : la marque agit. En alliant IA, robotique et diagnostic à distance, elle prépare ses ateliers à répondre plus vite, plus efficacement et de manière plus fiable aux besoins des automobilistes.
Ce virage technologique ne vise pas à déshumaniser les métiers, mais à les accompagner. L’IA devient un outil d’assistance, un allié pour les mécaniciens et carrossiers, et non un substitut. En cela, Renault trace un sillon que d’autres constructeurs suivront sans doute, dans une industrie où la technologie devient un levier stratégique autant qu’un gage de qualité.
Vers un nouveau standard de l’après-vente automobile
En intégrant massivement l’intelligence artificielle dans son écosystème après-vente, Renault démontre que les métiers techniques, longtemps considérés à l’abri des bouleversements numériques, ne sont pas épargnés par l’innovation. Cette mutation, encore en phase de déploiement, pourrait bien définir les standards de demain : une réparation plus rapide, plus fiable et plus connectée, au service d’un client toujours plus exigeant.
Dans un monde automobile en pleine transformation, Renault semble avoir compris une chose essentielle : l’innovation ne s’arrête pas à la ligne de production, elle continue jusqu’au garage.
