Recharge en 5 minutes : la Chine impose un nouveau standard à l’Europe avec ses bornes 1 000 kW
La Chine, déjà leader mondial de la voiture électrique en matière de production, franchit une nouvelle étape déterminante dans la course à la mobilité décarbonée. Avec l’annonce de stations de recharge délivrant jusqu’à 1 000 kW de puissance, l’empire du Milieu rebat les cartes. L’autonomie, jusqu’ici au cœur des préoccupations des conducteurs, est reléguée au second plan. Cette révolution technologique, incarnée par des géants comme BYD, s’apprête à déferler sur l’Europe.
La vitesse plutôt que l’autonomie
Jusqu’à présent, les constructeurs se livraient une bataille acharnée autour de la capacité des batteries. Les modèles offrant 500 ou 600 km d’autonomie étaient devenus des vitrines technologiques. Mais en Chine, une autre stratégie prend forme : plutôt que d’augmenter la taille des batteries, pourquoi ne pas miser sur une recharge éclair ? C’est précisément l’approche de BYD, qui affirme qu’avec des voitures capables d’encaisser une recharge à 1 000 kW, 300 km d’autonomie suffisent largement pour la majorité des trajets. Recharger 400 km en cinq minutes devient une réalité.
Un réseau de mégabornes en construction
Pour soutenir cette vision, BYD déploie un vaste réseau de bornes ultra-rapides, avec un objectif initial de 15 000 unités à travers la Chine. Ces stations délivreront chacune 1 mégawatt de puissance, soit plus du double de ce qui est actuellement disponible sur les meilleures infrastructures en Europe. Le coup d’envoi sera donné avec le lancement de la Denza Z9 GT, modèle haut de gamme présenté récemment au Festival of Speed de Goodwood. Ce modèle, destiné au marché européen, servira de catalyseur à l’implantation des mégabornes sur le Vieux Continent dès 2026.
Une batterie pensée pour l’éclair

Pour accompagner cette montée en puissance, BYD a développé une nouvelle batterie dite Flash Charging Battery. Cette dernière repose sur une architecture de 1 000 volts et un taux de charge de 10C, un niveau qui semblait jusqu’ici réservé aux prototypes de laboratoire. Concrètement, cela signifie que la batterie peut absorber dix fois sa capacité en une heure. Les premiers modèles qui bénéficieront de cette technologie seront les BYD HAN L, TANG L et la Denza Z9 GT. Néanmoins, pour exploiter pleinement cette capacité, les infrastructures électriques devront suivre, ce qui pose encore de nombreux défis hors de Chine.
Un modèle d’ouverture inédit
L’autre grand changement, c’est la politique d’ouverture annoncée par BYD. Contrairement à Tesla lors du déploiement initial de ses Superchargeurs, la marque chinoise assure que ses stations seront compatibles avec d’autres véhicules. Toutefois, comme l’a précisé Stella Li, vice-présidente de BYD, la puissance effectivement délivrée dépendra de la capacité du véhicule à la supporter. Il ne suffira donc pas de se brancher sur une borne BYD pour bénéficier automatiquement de la puissance maximale.
La Chine impose son tempo à l’Europe
Le gouvernement chinois ne cache pas ses ambitions. Il vise l’installation de plus de 100 000 bornes de 1 000 kW d’ici trois ans. Avec un parc de plus de 31 millions de véhicules électriques et 14,4 millions de points de recharge recensés, la Chine possède déjà un réseau gigantesque. Pourtant, seule une petite partie de ces bornes est accessible au public, ce qui explique l’accélération actuelle du déploiement.
Vers une redéfinition des standards européens
L’arrivée prochaine de ces stations sur le marché européen pourrait bouleverser les équilibres actuels. Les constructeurs européens, qui misent encore sur des batteries massives et des puissances de recharge autour de 300 à 400 kW, risquent d’être pris de vitesse. Si la recharge express devient un standard, les modèles avec 700 ou 800 km d’autonomie pourraient perdre en pertinence, notamment face aux contraintes de poids et de coût qu’ils induisent. Une batterie plus légère, moins chère et plus écologique, mais capable de se remplir en cinq minutes, devient dès lors plus séduisante pour les consommateurs.
Une nouvelle donne pour la transition énergétique
En s’affranchissant de la course à l’autonomie, la Chine propose un changement de paradigme. Plutôt que de pousser les véhicules à embarquer toujours plus de kilowattheures, elle mise sur la souplesse d’usage et la réduction des coûts. Cela répond également à une logique environnementale, puisqu’une batterie plus petite nécessite moins de ressources à produire et à recycler.
