
Le géant automobile Stellantis passe à l’action. Après des mois de critiques et de plaintes de la part des automobilistes, le groupe euro-américain a finalement officialisé un rappel massif de 636 000 véhicules équipés de son moteur 1.5 BlueHDi. Ce quatre-cylindres diesel, bien connu des propriétaires de Peugeot, Citroën, DS, Opel ou Fiat, souffre d’un défaut récurrent au niveau de la petite chaîne d’entraînement des arbres à cames, pouvant entraîner des pannes lourdes… et coûteuses.
Un défaut mécanique longtemps ignoré
Le 1.5 BlueHDi, lancé à partir de 2017 et produit jusqu’en février 2023 dans sa première version, a vite gagné en popularité grâce à sa sobriété et ses performances correctes pour les véhicules particuliers comme pour les utilitaires. Mais sous le capot, une petite chaîne métallique chargée d’entraîner les arbres à cames a progressivement terni sa réputation. Avec le temps, cette chaîne a tendance à se détendre, puis à se briser. Résultat : une casse moteur parfois brutale, avec des réparations pouvant dépasser plusieurs milliers d’euros.
Initialement, Stellantis avait tenté de minimiser l’ampleur du phénomène. Fin 2024, seuls 3 000 véhicules avaient été convoqués en atelier pour une analyse ciblée. Une réaction jugée trop timide par de nombreux automobilistes, notamment ceux confrontés à une casse hors garantie sans aucune prise en charge.

Un véritable rappel à partir de juillet 2025
Face à la pression grandissante des consommateurs et à l’avalanche de témoignages, le groupe a finalement décidé de lancer une véritable campagne de rappel à grande échelle. Dès ce mois de juillet 2025, plus de 600 000 voitures seront rappelées en France. Les modèles concernés vont des citadines comme la Peugeot 208 ou la Citroën C3, aux SUV comme le 3008, jusqu’aux utilitaires comme les Peugeot Expert, Citroën Jumpy, Opel Vivaro ou Fiat Scudo.
Tous les véhicules concernés ont été fabriqués entre 2017 et février 2023, période durant laquelle Stellantis utilisait encore une chaîne de 7 mm de diamètre. Depuis cette date, le moteur a été modifié avec une chaîne plus épaisse, de 8 mm, censée éliminer définitivement le problème. Mais les véhicules plus anciens n’avaient jusque-là pas bénéficié de mise à jour systématique.
Un diagnostic avant intervention
Attention toutefois : ce rappel n’entraîne pas automatiquement le remplacement de la chaîne pour tous les véhicules concernés. Stellantis prévoit d’abord un diagnostic préalable à l’aide d’une application numérique, utilisable sur tablette, smartphone ou ordinateur. Cette application permet de détecter d’éventuels bruits anormaux émis par la chaîne. Ce n’est qu’en cas de signalement positif que la chaîne sera remplacée… et cela aux frais du constructeur.
Une méthode qui peut surprendre, mais qui se généralise dans l’industrie. Renault, de son côté, utilise également des outils d’analyse basés sur l’intelligence artificielle pour juger de l’état de ses moteurs. Si aucun bruit suspect n’est détecté, seule une reprogrammation logicielle du moteur sera effectuée, dans le but de réduire les contraintes mécaniques sur la chaîne.
Un changement d’huile qui fait débat
Autre mesure discrète mais importante : depuis début 2024, Stellantis recommande une nouvelle huile moteur pour le 1.5 BlueHDi. Cette huile serait mieux adaptée pour préserver la chaîne d’entraînement. Toutefois, cette évolution technique n’a pas été suffisamment relayée dans les réseaux de garages indépendants. Résultat : de nombreux véhicules qui ne sont plus entretenus dans le réseau officiel Stellantis continuent d’utiliser l’ancienne huile, ce qui pourrait réduire la durée de vie du moteur et entraîner des refus de prise en charge en cas de panne. De quoi alimenter la frustration de certains propriétaires.
Un rappel qui soulage… mais ne calme pas tout le monde
La campagne de rappel et les mesures associées, comme une possible extension de garantie et la mise en place d’un portail d’indemnisation, représentent un vrai pas en avant. Mais elles ne suffiront probablement pas à apaiser tous les mécontentements. Plusieurs groupes de clients envisagent encore des actions en justice, notamment en raison de la lenteur avec laquelle Stellantis a réagi.
Pourtant, cette fois, l’entreprise ne peut pas être accusée d’inaction. Ce rappel massif, bien que tardif, marque une prise de conscience claire des enjeux de fiabilité sur une motorisation largement diffusée. Il reste maintenant à espérer que l’outil de diagnostic soit fiable, pour éviter que les propriétaires lésés se sentent abandonnés une seconde fois.

Et chez Ford et Toyota ?
Fait intéressant : le moteur 1.5 BlueHDi existe aussi sous d’autres appellations chez des partenaires de Stellantis. C’est notamment le cas de Ford, avec son 1.5 EcoBlue, et de Toyota, qui utilise une version proche dans ses utilitaires Proace. Pour l’instant, aucun rappel n’a été annoncé pour ces véhicules. Une situation qui pourrait évoluer si les retours d’expérience se multiplient.
En attendant, les propriétaires de modèles concernés ont tout intérêt à rester attentifs à leur boîte aux lettres. Le rappel est en cours de déploiement et prendra plusieurs semaines, voire mois, avant d’atteindre l’ensemble des clients. Patience, donc, mais vigilance aussi. Car dans cette affaire, mieux vaut prévenir la panne que la subir.