Peugeot 205 GTI 1.9 (1986) : la bombinette française qui a défié la Golf GTI entre passion et légende
Au cœur des années 80, le paysage automobile européen était en pleine effervescence. Les GTI dominaient les fantasmes des jeunes conducteurs comme des passionnés chevronnés. Dans cette arène ultra-concurrentielle, Peugeot frappe fort en 1986 avec la 205 GTI 1.9. Un modèle qui ne se contente pas de suivre la tendance : il bouscule l’ordre établi, jusqu’à menacer la reine incontestée de l’époque, la Volkswagen Golf GTI.
La riposte française : une GTI musclée et affûtée
Déjà remarquée avec sa version 1.6 de 105 puis 115 chevaux, la 205 GTI franchit un cap décisif en recevant un moteur 1.9 litres à injection délivrant 130 chevaux. Objectif : combler l’écart de performances avec les rivales directes – Fiat Uno Turbo, Renault 5 GT Turbo – mais surtout aller chercher les ténors du segment, comme la Golf 16S, la Ford Escort RS Turbo ou encore l’Opel Kadett GSi.
Sous le capot, on retrouve un moteur déjà connu chez PSA, mais ici transformé. Finie la configuration à carburateur poussive des 305 GTX ou BX 19 GT. Avec une injection Bosch LE2-Jetronic, le bloc se montre bien plus expressif. Il offre un tempérament rageur, surtout couplé à une boîte de vitesses revue pour un étagement plus efficace, notamment une première allongée, gage de reprises plus franches.

Performances convaincantes et plaisir de conduite
À l’essai, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 201 km/h en vitesse de pointe sur l’anneau de Montlhéry, 1000 mètres départ arrêté en 29,6 secondes. Mais ce que l’Auto-Journal louait surtout en 1986, c’était le caractère du moteur et le plaisir de conduite unique procuré par la légèreté de l’auto (900 kg seulement). Les accélérations sont franches, les reprises énergiques et la sonorité mécanique exaltante, surtout à haut régime.
Le comportement routier, déjà salué sur la 1.6, progresse encore. La 205 GTI 1.9 est jugée plus efficace mais aussi plus facile à conduire, avec un train avant précis et un châssis parfaitement équilibré. On retrouve ici ce que les puristes recherchent encore aujourd’hui : une voiture vivante, communicative, sans filtre électronique.

Équipements en hausse… mais quelques lacunes
Avec cette version 1.9, Peugeot corrige certaines lacunes. Les freins arrière passent enfin aux disques, rejoignant le niveau des concurrentes les plus sérieuses. Les équipements de confort ne sont pas oubliés : lève-vitres électriques et fermeture centralisée sont de série. En revanche, on peut tiquer sur certaines mesquineries, comme l’absence de rétroviseur droit de série, alors qu’il s’agit d’un élément de sécurité désormais incontournable.
Autre point noir souligné lors de l’essai : la température excessive de l’huile moteur, due à une sonde mal positionnée. Si l’explication technique rassure à moitié, le client de l’époque, lui, pouvait s’inquiéter face à des valeurs supérieures à 140 °C.
Enfin, si la 205 GTI impressionne par ses sensations, elle ne propose aucune des technologies alors à la mode chez certaines concurrentes : pas de 4 soupapes, pas de turbo, pas de transmission intégrale. Mais est-ce vraiment un défaut ? La simplicité mécanique fait aussi partie de son charme et contribue à sa fiabilité.
Une icône qui traverse les générations
Près de quarante ans plus tard, la 205 GTI 1.9 reste une légende. Elle incarne un âge d’or où les constructeurs osaient. Où le plaisir de conduite n’était pas bridé par la norme, où une voiture sportive restait abordable. Ce n’est pas un hasard si sa cote ne cesse de grimper sur le marché des youngtimers, et si elle suscite toujours une admiration quasi unanime.
Comme le souligne avec nostalgie Thomas Riaud, de la rédaction de l’Auto-Journal, “c’était mieux avant”, du moins sur le plan automobile. La 205 GTI 1.9 est bien plus qu’une voiture : c’est un symbole d’une époque où l’on pouvait rouler français, vite et avec passion, sans slogan ni compromis.
Alors que notre époque est dominée par les SUV électriques aseptisés, la 205 GTI 1.9 nous rappelle combien le caractère, l’agilité et la légèreté peuvent suffire à marquer durablement les esprits. Un héritage que beaucoup tentent aujourd’hui de raviver, sans toujours réussir à en retrouver la magie.
