Permis de conduire : une crise sans précédent pousse le gouvernement à l’action
Le permis de conduire représente un enjeu essentiel pour l’autonomie et l’insertion professionnelle des jeunes Français. Chaque année, 1,8 million de candidats tentent de décrocher ce précieux sésame, mais seuls 59,4 % réussissent du premier coup. Ce taux modéré contribue à engorger un système déjà sous tension. En 2024, 1,567 million de places d’examen seront proposées alors qu’il en faudrait au moins 2,19 millions pour répondre à la demande. Cette situation provoque des délais records et des difficultés croissantes pour les candidats comme pour les auto-écoles.
Des délais qui s’allongent dangereusement
Dans plusieurs départements, le temps d’attente entre deux passages d’examen atteint 80 jours. Ces délais importants forcent certains candidats à financer jusqu’à 60 heures de conduite, ce qui alourdit considérablement leur budget. Pour les auto-écoles, la situation devient critique, avec une menace de grève annoncée dès septembre si aucune solution n’est trouvée. Ce bras de fer entre professionnels et pouvoirs publics montre l’urgence à agir pour désengorger les centres d’examen.
Un plan d’urgence gouvernemental inédit
Face à cette crise, le gouvernement a présenté un plan d’urgence visant à améliorer rapidement l’accès au permis de conduire. François-Noël Buffet, ministre chargé du dossier, a détaillé les mesures le 31 juillet 2025. Le plan repose sur deux axes principaux : l’augmentation des places d’examen et le renfort des effectifs.
D’ici la fin de l’année, 80 000 places supplémentaires seront créées pour réduire les délais d’attente. Par ailleurs, 108 inspecteurs seront recrutés pour faire face à la demande. De façon surprenante, le gouvernement a aussi décidé de rappeler d’anciens inspecteurs retraités afin de mobiliser toutes les ressources possibles. Ce dispositif illustre la gravité de la pénurie actuelle et l’effort exceptionnel que représente cette mobilisation.
Des nouveautés pour le permis moto
Le plan ne concerne pas uniquement le permis voiture. Une option “sans passager” sera créée pour le permis moto, assortie d’un code restrictif et d’une formation complémentaire. Cette mesure vise à sécuriser la conduite des motards débutants tout en facilitant leur accès à l’examen.
Accompagnement renforcé et études sur la réussite
Le gouvernement prévoit également un accompagnement local renforcé par les préfets pour mieux coordonner les examens. Parallèlement, une mission d’étude sera lancée afin d’analyser les meilleures pratiques à l’étranger et d’optimiser le parcours d’apprentissage.
Cette étude devra aussi valoriser la conduite accompagnée et supervisée, des dispositifs qui peuvent améliorer le taux de réussite. Le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter le prix du permis, à maintenir un niveau d’exigence élevé et à ne pas compromettre la sécurité routière.
Une crise révélatrice d’un système sous tension
Le recours aux inspecteurs retraités, mesure exceptionnelle, montre à quel point la crise est profonde. Les professionnels avaient préconisé le recrutement d’au moins 200 inspecteurs supplémentaires pour vraiment améliorer la situation, alors que seules 108 embauches sont prévues. Avec un taux de réussite inférieur à 60 %, chaque échec génère une attente supplémentaire, rallongeant le parcours et augmentant les coûts pour les candidats.
Un enjeu pour la rentrée
L’ensemble des mesures annoncées ne seront pas opérationnelles avant la rentrée scolaire. La crainte demeure que la menace de grève des auto-écoles débouche sur un blocage des centres d’examen, pénalisant encore plus de candidats. Le gouvernement espère que ces annonces contribueront à calmer les tensions et à éviter une crise plus profonde.
Le permis de conduire, examen clé pour des millions de Français, fait face aujourd’hui à une pression inédite. La réussite du plan d’urgence conditionnera la capacité du pays à former de nouveaux conducteurs dans des conditions acceptables, tout en garantissant la sécurité sur les routes.
