Le PDG de BYD repéré dans une usine Xiaomi : simple visite ou coup stratégique ?
Sur un marché chinois en ébullition, dominé par deux géants aux ambitions dévorantes, la moindre étincelle attire l’attention. C’est précisément ce qu’a provoqué la visite inattendue de Wang Chuanfu, le PDG de BYD, dans l’une des usines de Xiaomi. Ce déplacement, aussitôt relayé par les médias chinois et scruté par les analystes internationaux, soulève bien des interrogations dans une industrie où coopération et rivalité se livrent une bataille subtile.
Le contexte d’une rivalité électrique
En 2025, la Chine est le théâtre d’une guerre féroce entre constructeurs automobiles. La transition accélérée vers l’électrique a redistribué les cartes, permettant à de nouveaux acteurs de bousculer l’ordre établi. Dans ce paysage ultra-concurrentiel, BYD, constructeur pionnier de la mobilité électrique, s’est imposé comme le leader incontesté du marché. À sa tête, Wang Chuanfu dirige une entreprise capable de produire en masse, à bas coût, et d’exporter à un rythme soutenu.
Mais depuis 2023, Xiaomi, autrefois connu pour ses smartphones, est venu troubler ce monopole. Avec le lancement de la SU7 puis du SUV YU7, la jeune division automobile de l’entreprise technologique a frappé fort. En seulement quelques minutes, plusieurs centaines de milliers de précommandes ont afflué, mettant à rude épreuve les capacités de production.
Une visite qui intrigue
Dans ce climat tendu, la présence du PDG de BYD dans une usine de Xiaomi ne pouvait passer inaperçue. Officiellement, il s’agissait d’une visite dans le cadre d’un tirage au sort ouvert au public. Xiaomi, dans une démarche marketing originale, permet en effet à certains heureux élus de découvrir l’intérieur de ses installations industrielles. Mais le hasard de cette sélection paraît peu crédible pour de nombreux observateurs.
Les deux hommes forts du secteur, Wang Chuanfu et Lei Jun, PDG de Xiaomi, se connaissent depuis longtemps. Leur coopération passée, notamment sur les batteries de smartphones, laisse penser que leurs relations vont bien au-delà de la simple rivalité commerciale. Pourtant, dans le contexte actuel, cette rencontre alimente des spéculations qui vont jusqu’à évoquer une possible alliance.
Une hypothèse jugée peu crédible
Les analystes s’accordent à dire qu’une fusion ou même une alliance stratégique entre BYD et Xiaomi reste improbable à court terme. Les deux marques poursuivent des stratégies très différentes. BYD mise sur sa capacité de production massive et son savoir-faire en matière de batteries. Xiaomi, de son côté, joue la carte de l’innovation technologique, du design soigné et de l’intégration poussée entre voiture et écosystème numérique.
Le marché chinois, bien que gigantesque, est saturé d’offres. L’idée d’un rapprochement entre deux géants qui cherchent chacun à capturer une part maximale du gâteau paraît contre-intuitive. D’autant que leurs clientèles cibles ne sont pas toujours les mêmes : BYD séduit une classe moyenne large avec des modèles accessibles, quand Xiaomi attire des consommateurs plus jeunes, technophiles, souvent fans de la marque depuis ses débuts dans l’électronique.
Une stratégie d’observation plus que de collaboration

La visite de Wang Chuanfu peut aussi être interprétée comme une manœuvre stratégique d’observation. En pénétrant au cœur du système industriel de Xiaomi, même sous couvert d’une visite anodine, il a pu se faire une idée plus précise des méthodes de production, des technologies mises en œuvre et du rythme de montée en puissance de la concurrence.
À l’inverse, cette visite a pu servir à envoyer un message : celui d’un BYD suffisamment sûr de lui pour s’afficher chez un rival, et assez agile pour tirer parti de toutes les occasions d’apprentissage, même dans un secteur où les secrets industriels sont jalousement gardés.
Un marché en pleine effervescence
Ce genre d’événement montre à quel point l’industrie automobile chinoise est en perpétuel mouvement. Entre coups de théâtre, rumeurs et manœuvres tactiques, elle n’a rien à envier aux grandes rivalités du monde des technologies ou de la finance. Le rythme de croissance, les investissements massifs et les tensions concurrentielles y sont portés à un niveau rarement observé ailleurs.
Dans ce contexte, chaque geste, chaque déclaration, chaque apparition publique est analysée. Et la visite du PDG de BYD dans l’antre de Xiaomi, même si elle ne débouche sur aucune collaboration formelle, restera comme un symbole fort de cette nouvelle ère où les frontières entre ennemis et partenaires deviennent floues.
