Nissan au bord du gouffre : comment Foxconn pourrait sauver le constructeur japonais en crise

Nissan au bord du gouffre : comment Foxconn pourrait sauver le constructeur japonais en crise

Autrefois symbole de la puissance industrielle nippone, Nissan traverse une tempête sans précédent. Le constructeur japonais, longtemps figure de proue de l’industrie automobile mondiale, voit aujourd’hui son avenir menacé. Chute vertigineuse des résultats, fermeture d’usines, suppressions massives d’emplois… le tableau est sombre. Face à cette crise, une solution inattendue pourrait émerger : un partenariat stratégique avec Foxconn, le géant taïwanais de la tech, célèbre pour assembler les iPhone.

Une descente aux enfers pour Nissan

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, Nissan a vu ses bénéfices chuter de 94 % au premier semestre. En deux ans, près de 19 000 postes ont été supprimés à l’échelle mondiale. Le constructeur a réduit drastiquement son réseau industriel, passant de 17 à 10 usines. À Oppama, site emblématique situé près de Yokohama, la production tourne au ralenti, atteignant à peine 40 % de sa capacité. Et ce, malgré la présence de centres stratégiques de R\&D et de crash-tests.

Ce séisme industriel s’inscrit dans un contexte mondial où la transition vers l’électrique bouleverse les équilibres établis. Pour Nissan, qui n’a pas su prendre le virage à temps, la situation devient critique. D’autant plus que la concurrence chinoise et les nouveaux entrants technologiques redessinent la carte du secteur automobile.

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Foxconn, le cheval de Troie de la tech dans l’automobile

C’est dans cette atmosphère de crise que Foxconn entre en scène. Le géant taïwanais, connu pour assembler les smartphones d’Apple et les consoles de Sony, ne cache plus ses ambitions automobiles. Sous la marque Foxtron, il veut devenir un acteur incontournable de la sous-traitance électrique. Objectif annoncé : participer à la production de 10 % des véhicules électriques dans le monde d’ici 2027.

Pour y parvenir, Foxconn ne se contente plus de fournir des composants. Il conçoit, assemble et commercialise ses propres modèles, comme le Model B, une compacte prometteuse de 4,3 mètres, 230 chevaux et 450 km d’autonomie, le tout à un prix de lancement sous les 30 000 euros. Le groupe s’attaque désormais à l’implantation locale, avec des projets en Europe, en Inde, en Amérique latine… et potentiellement au Japon.

Le projet de collaboration avec Nissan viserait à relancer l’usine d’Oppama. L’idée : y produire des véhicules électriques Foxconn, tout en préservant près de 3 900 emplois. Pour Foxconn, c’est une occasion en or de s’implanter au cœur du marché japonais. Pour Nissan, une nécessité vitale pour éviter la faillite industrielle.

L’heure des alliances stratégiques

Ce rapprochement illustre un changement de paradigme dans l’industrie automobile. L’époque de l’intégration verticale à la japonaise, où chaque constructeur maîtrisait l’ensemble de la chaîne de production, touche à sa fin. À l’heure de l’électrification et de la digitalisation des véhicules, les alliances entre constructeurs traditionnels et géants technologiques deviennent une évidence.

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Dans cette logique, Nissan s’active aussi en Chine, un marché crucial pour sa survie. Le constructeur y développe, en partenariat avec Dongfeng, un nouveau modèle électrique : le N7. Prévu pour l’exportation dès 2026 vers l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et d’autres zones clés, ce SUV abordable démarre à 119 900 yuans, soit environ 14 290 euros. Avec déjà 10 000 commandes enregistrées en Chine, Nissan espère franchir la barre des 100 000 exports par an depuis ce pays. L’objectif global est ambitieux : atteindre un million de ventes en Chine d’ici à 2026 et faire grimper la part des véhicules électriques à 40 % de sa gamme mondiale, puis à 60 % d’ici 2030.

Mais au-delà de la production, c’est toute la conception des véhicules qui doit être repensée. Les logiciels embarqués, notamment ceux liés à l’intelligence artificielle et aux normes de sécurité, doivent être adaptés aux réglementations de chaque marché. Un défi colossal que seuls des partenariats solides peuvent permettre de relever.

Quand la tech dicte la loi

Nissan n’est pas un cas isolé. D’autres géants de la tech s’invitent dans l’arène automobile. Xiaomi, avec sa berline SU7 et son futur SUV YU7, ou encore Qualcomm, qui devient l’architecte logiciel de l’habitacle connecté, montrent que la frontière entre constructeurs et fournisseurs s’efface. Nvidia, de son côté, mise sur la conduite autonome pour imposer ses puces et ses algorithmes dans les véhicules de demain.

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Face à cette recomposition du paysage, les constructeurs historiques n’ont guère le choix : collaborer ou disparaître. Le problème, c’est que cette transition technologique, bien que nécessaire, ne rencontre pas encore une adhésion massive du grand public. Les consommateurs restent prudents, les ventes de véhicules électriques stagnent dans plusieurs régions, et les suppressions d’emplois qu’engendre cette transformation nourrissent une inquiétude croissante dans un monde déjà secoué par l’incertitude économique.

Clément

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