
Face aux multiples défaillances du moteur diesel 1.5 BlueHDi, également connu sous le nom de DV5, Stellantis prend enfin des mesures fortes pour apaiser les inquiétudes croissantes des automobilistes. Le groupe automobile franco-italo-américain annonce une extension significative de la garantie sur ce moteur, jusqu’à 10 ans ou 240 000 km, une décision inédite dans le secteur, mais assortie de conditions strictes.
Une chaîne de distribution au cœur du problème
Le moteur 1.5 BlueHDi a été introduit en 2017 pour succéder à l’ancien 1.6 HDi. Conçu pour répondre aux normes Euro 6, il est censé allier performance, sobriété et fiabilité. Pourtant, une faiblesse mécanique majeure entache sa réputation : la chaîne de distribution. Plus précisément, il s’agit d’une chaîne de 7 mm d’épaisseur montée sur les modèles produits entre octobre 2017 et février 2023, susceptible de se détendre avec le temps, voire de rompre complètement.
Les conséquences d’une rupture de chaîne peuvent être dramatiques : dommages au niveau des soupapes, de la culasse ou même du bloc moteur, avec des réparations pouvant excéder plusieurs milliers d’euros. La situation a longtemps alimenté la frustration des automobilistes, notamment ceux qui n’étaient plus sous garantie constructeur ou dont les dossiers de prise en charge étaient refusés.
Une couverture spéciale élargie
Dans un souci de rétablir la confiance, Stellantis a d’abord étendu sa garantie à 7 ans ou 180 000 km en janvier 2025. Désormais, le groupe va plus loin avec une « couverture spéciale » qui s’appliquera aux modèles Citroën, Peugeot, DS, Opel/Vauxhall et Fiat concernés. La nouvelle garantie est bien plus généreuse que celle accordée au 1.2 PureTech essence, limitée à 10 ans ou 180 000 km.
Cette prise en charge exceptionnelle couvre donc :
- Les modèles équipés du moteur 1.5 BlueHDi produits entre octobre 2017 et février 2023 ;
- Une durée allant jusqu’à 10 ans ou 240 000 km ;
- Un certificat Check+ sera remis aux véhicules d’occasion du réseau Stellantis (ou Spoticar) pour attester de leur éligibilité à la garantie.
Il est à noter que, à partir de février 2023, la chaîne a été renforcée à 8 mm pour améliorer sa fiabilité, rendant les modèles plus récents non concernés par cette extension.

Des conditions strictes à respecter
Cette extension de garantie ne sera pas sans conditions. Pour en bénéficier, les réparations devront impérativement être réalisées dans le réseau agréé Stellantis. L’entretien, quant à lui, pourra être fait chez n’importe quel professionnel, à condition que celui-ci respecte les préconisations du constructeur (intervalle de vidange, type d’huile, etc.).
Une tolérance de 3 mois ou 3 000 km est prévue pour les entretiens qui auraient été légèrement dépassés. En revanche, toute négligence manifeste pourrait entraîner un refus de prise en charge. Stellantis estime que près de 40 % des dossiers concernant le moteur 1.2 PureTech ont été refusés en raison du non-respect des critères. Le taux de refus pour le BlueHDi pourrait suivre la même tendance.
Une indemnisation rétroactive dès la mi-juillet
Autre annonce importante : l’intégration prochaine du 1.5 BlueHDi à la plateforme d’indemnisation numérique de Stellantis, déjà en service pour d’autres moteurs problématiques. À compter de la mi-juillet 2025, les réparations effectuées entre le 1er janvier 2023 et le 30 juin 2025 pourront être rétroactivement prises en charge, sous réserve de respecter les conditions d’entretien et d’avoir réparé dans le réseau.
C’est une avancée majeure pour les nombreux propriétaires ayant déjà déboursé des sommes importantes à cause de ce défaut, et qui pourront espérer un remboursement partiel ou total.
Un geste stratégique et commercial
Avec cette politique de garantie élargie, Stellantis ne cherche pas seulement à répondre à une crise de confiance. Le constructeur vise aussi à assurer la fluidité du marché de l’occasion pour ses marques, dans un contexte où les modèles diesel se revendent de plus en plus difficilement. Grâce à la mention Check+ et à cette garantie longue durée, Stellantis espère faciliter la revente de ses véhicules et rassurer les acheteurs.
Cette stratégie vise également à protéger l’image de ses marques dans un secteur automobile où la fiabilité reste un argument de vente majeur. Face à la montée des véhicules hybrides et électriques, les moteurs thermiques, notamment diesels, doivent désormais faire preuve d’une fiabilité irréprochable pour rester compétitifs.