Mercedes prolonge la Classe A jusqu’en 2028 : la compacte résiste à l’électrique

Malgré une carrière déjà bien avancée, la Mercedes Classe A n’est pas encore prête à tirer sa révérence. Le constructeur allemand a finalement décidé de prolonger la production de sa célèbre compacte, repoussant sa fin de carrière à 2028. Une décision qui traduit à la fois une stratégie prudente et une adaptation à la réalité d’un marché automobile en pleine mutation.

Une demande toujours au rendez-vous

À l’origine, la Mercedes Classe A devait s’effacer au profit de la prochaine génération de la CLA, exclusivement électrique. Mais les chiffres de vente et la demande encore soutenue pour la compacte thermique ont incité la marque à revoir ses plans. En Europe notamment, la Classe A continue de séduire une clientèle fidèle, sensible à son design, sa technologie embarquée et son positionnement premium à un tarif relativement accessible.

Dans un contexte où l’électrique peine à convaincre une majorité d’automobilistes, Mercedes ne veut pas prendre le risque de tout miser sur une transition radicale. Le maintien de la Classe A permet de répondre à une part importante du marché qui n’est pas encore prête à franchir le pas vers l’électromobilité.

L’électrique progresse, mais reste fragile

Le rythme d’adoption des voitures électriques demeure inégal selon les pays. En France, par exemple, les modèles zéro émission représentent à peine 17 % des ventes de véhicules neufs. Ce chiffre, loin d’être négligeable, montre toutefois que la majorité des conducteurs privilégient encore les motorisations thermiques, principalement pour des raisons de coût, d’autonomie ou de manque d’infrastructures de recharge.

Dans ce contexte, proposer une Mercedes CLA électrique en modèle d’entrée de gamme, sans alternative thermique, aurait été un pari hasardeux. La marque à l’Étoile préfère donc jouer la carte de la sécurité en assurant une transition progressive.

Une cohabitation organisée avec la nouvelle CLA

Plutôt que de précipiter la sortie de la scène de la Classe A, Mercedes opte pour une coexistence temporaire avec la nouvelle CLA électrique. Cette dernière intégrera progressivement la gamme, sans que cela n’implique la disparition immédiate de la compacte actuelle. Ce choix stratégique permet à Mercedes d’ajuster son offre en fonction des attentes réelles du marché, et non selon un calendrier technologique imposé.

Pour permettre cette cohabitation, la production de la Classe A sera transférée de l’usine allemande de Rastatt vers celle de Kecskemét, en Hongrie. Ce changement vise à libérer de la capacité de production pour les futurs modèles électriques, tout en maîtrisant les coûts industriels.

Des ajustements techniques prévus

Même si la norme Euro 7, attendue dans les prochaines années, semble moins contraignante que ce qui avait été envisagé initialement, elle imposera tout de même des modifications techniques. Mercedes devrait donc procéder à certaines mises à jour pour garantir la conformité de la Classe A. L’objectif : prolonger la durée de vie du modèle sans nuire à ses performances ou à ses émissions.

En revanche, la place des versions sportives AMG dans cette dernière phase reste floue. Les moteurs thermiques très puissants suscitent de moins en moins d’enthousiasme dans une Europe soucieuse de ses objectifs environnementaux. La tendance semble aller vers une rationalisation de la gamme plutôt que vers un maintien de ces versions survitaminées.

Un signal envoyé au secteur

La décision de Mercedes n’est pas isolée. D’autres constructeurs prennent également du recul face à l’électrification à marche forcée. Le groupe Volkswagen, par exemple, prolonge la vie de ses modèles thermiques comme la Seat Ibiza ou l’Arona. Ford développe aussi de nouvelles voitures compactes à essence, preuve que l’offre thermique a encore de beaux jours devant elle.

Ce retour à une certaine prudence n’est pas nécessairement un renoncement. Il traduit une volonté de coller au rythme réel des consommateurs et aux réalités économiques du moment. Le luxe, la fiabilité et le confort proposés par la Classe A restent des arguments solides face à des véhicules électriques parfois jugés encore trop chers ou trop contraignants.

Une stratégie entre prudence et pragmatisme

La Mercedes Classe A incarne depuis plusieurs années l’accès à l’univers premium de la marque. En prolongeant sa présence dans le catalogue, Mercedes garantit à ses clients une continuité rassurante, tout en préparant en douceur l’avenir de sa gamme.

Ce choix pourrait bien se révéler payant si le marché de l’électrique ne décolle pas aussi vite que prévu. En misant sur une transition maîtrisée, Mercedes semble adopter une posture réaliste, à l’écoute des attentes de sa clientèle. Et dans un secteur aussi concurrentiel que l’automobile, cette capacité à s’adapter pourrait bien faire toute la différence.