
Le marché automobile français devait-il reprendre des couleurs en juin 2025 ? À cette question, les analystes n’ont, pour une fois, pas de réponse chiffrée. Du moins, pas complète. En cause : un problème de compilation des données d’immatriculations, stoppées net le 25 juin. Pourtant, malgré cette lacune, les projections suffisent à tirer la sonnette d’alarme. Le mois de juin, à l’image du premier semestre, semble confirmer l’enlisement du marché. La reprise tant attendue n’est toujours pas au rendez-vous.
Des données incomplètes, mais un constat clair
AAAData, le fournisseur de référence en matière d’immatriculations automobiles, a dû s’appuyer sur des estimations pour combler la semaine manquante. Résultat : environ 114 000 voitures neuves auraient été vendues en juin, soit une baisse de 8 % par rapport à l’année précédente. Une tendance conforme à celle observée depuis le début de l’année, avec une chute de 8 % également sur l’ensemble du semestre.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que 2024 n’avait déjà pas été une année brillante**. Le marché semble s’enliser durablement dans une spirale négative, bien loin des niveaux d’avant la crise sanitaire. La fameuse “ère pré-Covid” apparaît désormais comme une époque révolue, hors de portée.
Un contexte peu favorable aux achats
Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette stagnation. D’un côté, les prix des voitures neuves restent élevés, accentués par une fiscalité de plus en plus lourde. De l’autre, l’incertitude autour des motorisations électriques, notamment en matière de valeur résiduelle, freine les intentions d’achat. Résultat : les Français adoptent une posture attentiste, préférant conserver leur véhicule actuel plutôt que de prendre des risques.
Dans ce climat, le leasing tire son épingle du jeu. Ce mode de financement permet aux particuliers d’éviter la mauvaise surprise d’une décote excessive, en reportant le risque sur les loueurs. Ce mécanisme explique en partie la montée en puissance du leasing dans les ventes récentes.
Une crise européenne, pas uniquement française
La France n’est pas un cas isolé. Le recul du marché touche l’ensemble de l’Europe, signe d’un ralentissement structurel plus qu’un simple coup de mou conjoncturel. Les données montrent que presque tous les canaux de ventes sont en baisse, qu’il s’agisse des particuliers, des professionnels ou des flottes d’entreprises.
Seule exception notable : les loueurs courte durée, qui enregistrent une hausse de 19 % à l’approche de l’été. Cette progression, en grande partie saisonnière, permet à certaines marques de limiter la casse via des immatriculations tactiques. Ces pratiques boostent artificiellement les ventes, tout en donnant un coup de pouce aux motorisations électriques qui séduisent davantage les gestionnaires de flottes que les particuliers.
Le leasing social : la dernière carte ?
Face à cette morosité, le gouvernement mise sur le leasing social, dont la relance est prévue pour septembre. Cette formule, destinée aux ménages modestes, propose une voiture électrique neuve pour moins de 100 € par mois. Si l’opération avait connu un succès fulgurant en début d’année, son effet reste limité dans le temps.
AAAData avertit d’ailleurs : le problème est plus profond que ce que laissent entrevoir les ventes mensuelles. Le carnet de commandes est en net repli, avec une baisse de 11 % ces derniers mois. La tendance ne date pas d’hier, puisque le marché est en baisse continue depuis plus d’un an, avec un sursaut artificiel en décembre 2024, dû à des incitations exceptionnelles.
Une industrie en quête de solutions durables
Le secteur automobile, déjà confronté aux défis de la transition énergétique, doit désormais composer avec un consommateur plus frileux, un marché européen contracté et des conditions économiques instables. L’électrification, pourtant inévitable, ne parvient pas à rassurer pleinement. L’absence de visibilité sur les aides futures, l’évolution du prix de l’électricité ou encore l’incertitude liée à l’autonomie des véhicules freinent encore les décisions.
À court terme, le marché français semble incapable de retrouver sa dynamique. S’il veut éviter une année noire en 2025, un véritable électrochoc sera nécessaire. Sans cela, les prévisions actuelles font redouter une année historiquement faible pour l’industrie automobile hexagonale.
En résumé, même sans chiffres complets, le mois de juin confirme l’enlisement du marché automobile en France. Entre incertitude économique, tensions sur les prix, et manque de confiance des ménages, la reprise est loin d’être enclenchée. Le leasing social pourrait apporter un souffle temporaire, mais es vraies réponses restent à construire pour enrayer une crise qui s’enracine.