LG et Honda unissent leurs forces face à la Chine : la Corée contre-attaque dans l’électrique
Alors que la domination chinoise dans le secteur des véhicules électriques semble s’imposer comme une évidence, la Corée du Sud entre dans la danse avec une stratégie d’une ambition redoutable. À la manœuvre : LG, le géant technologique sud-coréen, qui entend bien jouer un rôle central dans la redéfinition de l’automobile du futur. Sa récente offensive auprès de Honda n’est pas anodine, mais bien le signe que la bataille de l’électrique ne fait que commencer.
Au siège de Honda à Tokyo, un événement discret mais hautement symbolique s’est tenu récemment : un « Tech Day » organisé par LG pour démontrer ses dernières innovations technologiques. Derrière cette vitrine technologique, se joue un véritable bras de fer entre la Chine, en position dominante avec ses champions comme BYD, CATL ou encore NIO, et les acteurs historiques de l’électronique et de l’automobile, contraints de revoir entièrement leurs stratégies.
LG : l’architecte de la voiture définie par logiciel
Le message de LG est clair : la voiture électrique de demain sera définie par son logiciel, et non plus uniquement par sa mécanique. Dans cette perspective, LG entend s’imposer comme un partenaire central, capable d’apporter des briques technologiques clés à tous les niveaux. Grâce à la mobilisation conjointe de ses filiales – LG Electronics, LG Energy Solution, LG Display et LG Innotek – le groupe propose une offre intégrée : batteries lithium-ion, écrans OLED, modules de caméras, systèmes d’infodivertissement, gestion de l’énergie, intelligence embarquée…
Cette stratégie baptisée « one team for EV parts » vise à rassurer les constructeurs automobiles en leur proposant une alternative crédible à l’offre chinoise. LG n’est pas qu’un fournisseur de composants : il se positionne comme un concepteur de solutions globales, capables de répondre aux défis posés par les nouvelles plateformes automobiles. La connectivité, la sécurité, la gestion énergétique, l’expérience utilisateur… tout est repensé à l’échelle du logiciel.
Une réponse à l’hégémonie chinoise
Il faut dire que la Chine mène la danse depuis plusieurs années. BYD ne se contente pas de vendre des voitures : le constructeur produit aussi ses propres batteries, moteurs et systèmes électroniques, maîtrisant ainsi toute la chaîne de valeur. CATL, leader incontesté dans la fabrication de batteries, fournit désormais les plus grands noms du secteur, de Tesla à BMW en passant par Volkswagen.
Les start-up chinoises comme NIO, XPeng ou Li Auto n’hésitent pas à innover en introduisant des services uniques : échange ultra-rapide de batteries, systèmes de conduite autonome avancés, ou interfaces utilisateur entièrement repensées. Xiaomi, quant à lui, joue la carte de la disruption avec des véhicules ultra connectés positionnés comme de véritables « Tesla killers ».
Face à cette pression, LG avance ses pions en multipliant les partenariats. En plus de Honda, le groupe collabore déjà avec Mercedes-Benz – à l’origine de l’impressionnant Hyperscreen – ainsi qu’avec Toyota et Hyundai. Son but : convaincre que ses solutions sur-mesure peuvent accompagner efficacement la transition vers des véhicules à haute valeur technologique.
Honda : un réveil électrique en marche
Pour Honda, ce partenariat avec LG tombe à point nommé. Longtemps critiqué pour sa frilosité face à l’électrique, le constructeur japonais accélère enfin. Il a lancé aux États-Unis le Honda Prologue, un SUV 100 % électrique conçu en collaboration avec General Motors. Il prépare également le CR-V e\:FCEV, un modèle hybride innovant combinant pile à hydrogène et recharge sur secteur.
Mais c’est surtout la « Série 0 » qui symbolise l’ambition nouvelle de Honda. Présentée lors du CES 2025 à Las Vegas, cette gamme mondiale de véhicules électriques repose sur une toute nouvelle plateforme, plus fine, plus légère, et conçue pour accueillir des systèmes d’exploitation inédits. L’objectif est d’intégrer des logiciels capables d’optimiser en temps réel la gestion énergétique, la connectivité, la sécurité et l’interaction avec l’utilisateur. LG pourrait bien jouer un rôle stratégique dans cette révolution silencieuse.
Une nouvelle ère de coopétition
Le rapprochement entre LG et Honda illustre parfaitement l’émergence d’une nouvelle ère de coopétition dans l’industrie automobile. Pour tenir tête à la Chine, les constructeurs et les fournisseurs traditionnels n’ont d’autre choix que de s’unir, mutualiser leurs savoir-faire et accélérer sur les innovations logicielles. La voiture n’est plus un simple objet de transport, mais un terminal numérique roulant, où le logiciel prend désormais le pas sur le moteur.
La Corée du Sud, avec LG en fer de lance, entend bien ne pas rester sur la touche. Elle joue la carte de l’expertise technologique, de l’intégration verticale et de la fiabilité industrielle pour séduire un maximum de partenaires. Si la route reste semée d’embûches face à la puissance de feu des industriels chinois, la détermination est là. Et comme le prouve cette offensive auprès de Honda, la Corée n’a clairement pas dit son dernier mot dans la bataille de la voiture électrique.
