Dans les années 1980, elle faisait sourire, parfois même rire jaune. La Yugo Koral, petite citadine yougoslave à bas coût, a longtemps symbolisé ce que l’automobile pouvait produire de plus rudimentaire. Moquée pour ses finitions approximatives, sa fiabilité défaillante et son esthétique datée, elle avait tout du flop automobile. Pourtant, près de 40 ans plus tard, cette voiture dont « tout le monde se moquait » pourrait bien prendre une revanche inattendue. En 2027, elle renaîtra sous une forme modernisée, bien décidée à séduire un nouveau public.
Une légende oubliée… qui revient sur le devant de la scène
Produite entre 1981 et 2008 par Zastava, la Yugo Koral a longtemps été considérée comme un symbole de l’automobile accessible à tous. Vendue autour de 3 500 euros en équivalent actuel, elle était l’une des voitures les moins chères du marché. Ce prix plancher avait un revers : une finition spartiate, des matériaux bas de gamme, une tenue de route perfectible et une fiabilité souvent décriée.
Sous ses allures de Fiat 127 rebadgée — ce qu’elle était en partie, avec son moteur de 45 chevaux hérité de l’Italienne — la Yugo était pourtant ambitieuse. Dessinée à Turin dans les bureaux du centre de style Fiat, elle reprenait les lignes cubiques à la mode à l’époque, dans la lignée de la Renault 5 ou de la Volkswagen Polo. Son expansion hors de l’Europe, notamment aux États-Unis, fut cependant un échec relatif. Malgré cela, près de 800 000 exemplaires ont été écoulés dans le monde, preuve qu’elle a su trouver son public.
Une renaissance portée par un ingénieur passionné
C’est un certain Aleksandar Bjelić, ingénieur serbe, qui a décidé de réveiller cette icône endormie. En 2025, lors du Car Design Event de Munich, il a dévoilé un premier prototype à l’échelle réduite de ce que pourrait devenir la Yugo Koral du XXIe siècle. Fidèle à l’esprit originel, mais résolument tournée vers l’avenir, cette nouvelle version adopte un style néo-rétro très en vogue.
La silhouette conserve la compacité du modèle d’origine, tout en affichant une certaine robustesse grâce à des lignes musclées, des jantes imposantes et un éclairage full LED. L’objectif affiché est clair : proposer une citadine moderne, au look distinctif, qui reste financièrement accessible. Un positionnement à mi-chemin entre nostalgie et pragmatisme.
Une citadine pour rivaliser avec les références low-cost
Aleksandar Bjelić ne cache pas son ambition : faire de la future Yugo Koral une alternative crédible à des modèles comme la Dacia Sandero. Pour y parvenir, la nouvelle Yugo reposera sur une plateforme partagée avec un constructeur partenaire, dont le nom n’a pas encore été révélé. Cette stratégie permettra de contenir les coûts tout en assurant une base technique éprouvée.
En termes de motorisation, la version de base devrait rester thermique, mais des déclinaisons électrifiées sont également envisagées, afin de répondre aux normes européennes et aux attentes du marché. La citadine devrait donc conjuguer charme vintage et technologies contemporaines, dans un format pensé pour les zones urbaines.
Un prototype grandeur nature en 2027
Le rendez-vous est donné : le premier prototype en taille réelle sera présenté au printemps 2027, lors de l’Expo de Belgrade. Un événement très attendu, tant par les amateurs de voitures rétro que par les curieux intéressés par cette nouvelle proposition sur le segment des voitures abordables.
La résurrection de la Yugo Koral s’inscrit dans une tendance plus large : celle des renaissances automobiles. Des modèles comme la Renault 5 ou la Fiat 500 ont récemment prouvé que le passé peut être une formidable source d’inspiration, à condition de le réinterpréter avec justesse. Reste à savoir si la Yugo, avec son image historiquement négative, saura transformer sa mauvaise réputation en véritable atout marketing.
Une revanche sur l’histoire ?
Le pari est audacieux. Faire revivre une voiture aussi critiquée que la Yugo Koral relève presque du défi personnel. Mais avec une dose de nostalgie, une pincée de modernité et une promesse de prix serré, la recette pourrait surprendre. Ce modèle autrefois tourné en dérision pourrait bien devenir, à son tour, une icône de la mobilité urbaine low-cost.
Et si, en 2027, la voiture que « tout le monde s’en moquait » devenait finalement celle que tout le monde s’arrache ?
