Iveco bientôt racheté par l’Indien Tata Motors ? Les indices se multiplient
La rumeur d’un rachat d’Iveco par Tata Motors enfle sur les marchés, alimentée par une série de décisions stratégiques et des mouvements financiers significatifs. Le constructeur italien, séparé du groupe CNH Industrial depuis 2022, pourrait bien vivre un nouveau bouleversement de son histoire industrielle. Entre stratégie de démembrement, partenariats technologiques et pressions sociales, l’avenir d’Iveco semble plus que jamais à un tournant.
Un partenariat technologique révélateur
Début juillet 2025, Iveco a officialisé un accord avec Hyundai Motor Company. Cet accord prévoit la fourniture par le groupe coréen d’un véhicule utilitaire électrique dont le poids total autorisé en charge (PTAC) est compris entre 2,5 et 3,5 tonnes. Ce modèle, produit par Hyundai, sera commercialisé en Europe sous la marque Iveco. Cette collaboration souligne la volonté du constructeur turinois d’accélérer son virage vers la mobilité électrique, sans pour autant engager seul les lourds investissements liés à la R\&D.
Ce choix stratégique montre qu’Iveco préfère miser sur des alliances plutôt que de tout développer en interne. Une approche qui peut renforcer son attractivité pour des repreneurs potentiels, séduits par la flexibilité d’un groupe recentré sur son cœur de métier et capable de s’associer aux bons partenaires pour répondre aux défis technologiques.
Une envolée boursière qui intrigue
Le vendredi 18 juillet 2025, le titre Iveco Group s’est envolé de près de 10 % en séance, avant de clôturer à +8,3 % à la Bourse de Milan. Une progression inhabituelle, provoquée par des rumeurs de discussions avancées entre Exor, actionnaire de référence d’Iveco, et le constructeur indien Tata Motors. Aucun communiqué officiel n’a confirmé ces tractations, mais le silence obstiné des protagonistes a suffi à relancer les spéculations.
Exor, qui détient 27,1 % du capital mais contrôle 43,1 % des droits de vote d’Iveco, pourrait voir dans cette opération l’occasion d’une plus-value intéressante. Fidèle à sa stratégie opportuniste sur les marchés, la holding dirigée par John Elkann semble orchestrer minutieusement un retrait du secteur des poids lourds, dans une logique de réorientation de portefeuille.
Un démantèlement stratégique pour mieux vendre
Depuis sa scission d’avec CNH Industrial, Iveco se transforme progressivement. L’une des étapes clés de cette mutation a été annoncée en février 2025, lors de l’assemblée générale : la cession prévue d’Iveco Defence Vehicles (IDV) et d’Astra, deux entités liées aux activités de défense, d’ici la fin de l’année. Cette décision vise à écarter l’intervention de l’État italien, qui dispose de prérogatives spécifiques sur les secteurs stratégiques comme la défense.
La vente de ces filiales ouvrirait la voie à une cession plus simple du reste du groupe, sans obstacle réglementaire majeur. Des entreprises européennes comme Rheinmetall ou KNDS ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt pour IDV. Ce démembrement bien préparé semble annoncer un changement de propriétaire dans un horizon proche.
Tata Motors en position idéale
Parmi les acheteurs potentiels, Tata Motors apparaît comme le candidat le plus crédible. Le groupe indien, qui possède déjà Jaguar Land Rover, cherche à structurer ses opérations en deux branches distinctes : l’une dédiée aux véhicules particuliers, l’autre aux véhicules utilitaires. L’intégration d’Iveco dans ce second pôle renforcerait considérablement sa position sur le marché européen, tout en ajoutant une expertise industrielle précieuse à son portefeuille.
Historiquement, les chemins d’Iveco et de Tata se sont déjà croisés. Dans les années 1980, Iveco avait investi dans Ashok Leyland, rival direct de Tata en Inde. Et dès 1994, des camions Ford Cargo équipés de moteurs Iveco étaient produits sur le territoire indien. Un rapprochement actuel aurait donc des accents de revanche pour Tata, qui verrait là une belle opportunité de consolider son influence mondiale dans les véhicules utilitaires.
Des inquiétudes chez les salariés italiens
Si cette perspective peut séduire les actionnaires, elle suscite en revanche de fortes inquiétudes côté social. Les syndicats italiens, en particulier la Fim CISL, ont réagi avec fermeté à la rumeur de vente. Dans un communiqué, le syndicat fustige l’opacité de la direction et le climat d’incertitude qui pèse sur les salariés.
Les représentants du personnel s’alarment surtout de l’absence de communication autour du spin-off d’IDV et de ses conséquences. Ils craignent que la cession d’Iveco à un groupe étranger n’aboutisse à des restructurations douloureuses, voire à des fermetures de sites. La Fim CISL a ainsi sollicité une rencontre urgente avec le ministère des Entreprises et du Made in Italy afin d’obtenir des garanties sur la pérennité des activités industrielles sur le sol italien.
Une affaire à suivre de près
Le feuilleton Iveco ne fait que commencer. Alors que les signaux s’intensifient sur un changement de main imminent, le flou persiste autour des intentions réelles d’Exor et de Tata Motors. Ce dossier sensible mêle enjeux économiques, équilibres industriels et considérations sociales, dans un contexte de transformation profonde du secteur automobile. Le moindre mouvement autour d’Iveco pourrait bien avoir des répercussions majeures à l’échelle européenne.
