
Les tensions entre les États-Unis et l’Union européenne ravivent le spectre d’une flambée des prix automobiles. Et si les voitures devenaient plus chères en France à cause de taxes décidées… à Washington ?
Le monde de l’automobile entre en zone de turbulences. Depuis le 3 avril 2025, les États-Unis appliquent une surtaxe de 25 % sur les véhicules et pièces détachées importés, dans une logique de guerre commerciale relancée par Donald Trump. Si la mesure vise principalement les exportations européennes et asiatiques, ses effets pourraient bien se faire sentir… jusque dans les concessions françaises.
Une industrie mondialisée, des conséquences locales
Aujourd’hui, aucune voiture n’est 100 % nationale. Même un modèle « made in USA » contient entre 44 % et 78 % de pièces venues de l’étranger, selon sa marque. C’est le cas du très américain Ford F-150, dont à peine 45 % des composants sont produits aux États-Unis. Ironie du sort, c’est la Kia EV6 — d’origine coréenne — qui contient le plus de pièces nord-américaines (80 %).
Dans ce contexte de chaînes de valeur ultra intégrées, la taxe douanière frappe tout le monde. Les constructeurs américains, mais surtout les constructeurs européens et asiatiques, voient leurs coûts exploser. Et les premiers à réagir sont nombreux :
Jaguar Land Rover suspend ses expéditions vers les États-Unis
Toyota et Honda coupent les heures sup’ au Mexique
Stellantis met à l’arrêt certaines usines au Canada et au Mexique
Mercedes-Benz envisage une relocalisation partielle de sa production
Le consommateur américain paiera le prix fort… pour commencer
Selon le cabinet EY, les voitures importées aux États-Unis devraient voir leurs prix grimper de 2 500 à 10 000 dollars selon les modèles. Une hausse inévitable, car les constructeurs absorbent rarement les surcoûts. Résultat : une baisse de la demande est attendue, avec un marché qui pourrait chuter de 16 à 14,5 millions de ventes annuelles.
Et c’est là que l’effet domino commence. Moins de ventes aux États-Unis, c’est moins de chiffre d’affaires pour les constructeurs européens, qui chercheront logiquement à compenser en Europe… notamment en France.
Quelles conséquences pour les acheteurs français ?
Pas d’alerte rouge immédiate, car les voitures américaines représentent une part marginale des ventes en France. De plus, Renault, Peugeot ou Citroën n’ont quasiment aucun pied aux États-Unis (0,1 % de parts de marché en 2023).
Mais trois effets de ricochet sont à surveiller :
Une possible réplique de l’Union européenne, avec de nouvelles taxes qui pourraient renchérir certains composants ou modèles importés des États-Unis.
Des sous-traitants français fragilisés, notamment ceux qui exportent vers l’Allemagne ou le Mexique, dont la production pourrait ralentir.
Une pression à la hausse sur les prix, car les constructeurs comme BMW, Mercedes ou Toyota vont vouloir compenser leurs pertes en augmentant leurs marges ailleurs.
Alors, faut-il s’attendre à une explosion des prix ?
Pas tout de suite, mais le risque existe si la situation dégénère. Une guerre commerciale prolongée, des mesures de rétorsion en cascade, et une hausse continue des coûts de production pourraient à terme se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs européens.
🧠 En résumé :
Les voitures françaises ne sont pas directement visées par les surtaxes américaines
Mais les effets indirects pourraient finir par se faire sentir
Si vous envisagez d’acheter une voiture allemande ou japonaise, surveillez les prix dans les mois à venir