Grand Prix de Hongrie 1986 : le jour où la F1 a franchi le rideau de fer

Grand Prix de Hongrie 1986 : le jour où la F1 a franchi le rideau de fer

Quand la Formule 1 débarque en Hongrie à l’été 1986, l’Europe vit encore au rythme de la Guerre froide. D’un côté, l’Ouest baigne dans l’économie de marché et le capitalisme triomphant. De l’autre, l’Est vit sous le joug du régime soviétique. Dans ce climat tendu, l’arrivée du Grand Prix de Hongrie résonne comme une prouesse diplomatique et sportive. Car c’est bien derrière le rideau de fer, au cœur du bloc de l’Est, que la Formule 1 fait tomber une barrière symbolique.

La Formule 1 rêve de l’Est

Depuis la fin des années 1970, la F1 tente d’élargir son horizon au-delà des frontières traditionnelles de l’Europe occidentale. Son grand argentier de l’époque, Bernie Ecclestone, nourrit alors une ambition audacieuse : organiser une course en plein Moscou. Mais les discussions avec les dirigeants soviétiques piétinent. Il faut se rendre à l’évidence, la capitale de l’Union soviétique ne sera pas prête à accueillir la Formule 1.

C’est alors qu’un homme, Tamas Rohonyi, change la donne. Promoteur du Grand Prix du Brésil, ce Hongrois de naissance, devenu citoyen brésilien, joue un rôle clé dans les négociations. Grâce à ses relations avec Mihaly Terjek, diplomate hongrois en poste à São Paulo, un pont s’établit entre la Hongrie et les instances de la F1. Le gouvernement hongrois, séduit par l’opportunité de s’ouvrir à l’Ouest, alloue 350 millions de forints pour construire un circuit aux abords de Budapest. En seulement huit mois, le Hungaroring sort de terre.

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Un contexte géopolitique tendu

Le choix de la Hongrie n’est pas anodin. Ce pays satellite de l’URSS, bien que sous influence soviétique, montre depuis plusieurs années une relative ouverture économique. Le projet d’un Grand Prix s’inscrit dans une logique d’apaisement et d’échanges culturels, alors même que l’Europe reste fracturée.

Le 10 août 1986, le Hungaroring devient ainsi le théâtre du tout premier Grand Prix disputé derrière le rideau de fer. L’événement est historique, tant sur le plan politique que sportif. Dans les tribunes, plus de 200 000 spectateurs se pressent, venus parfois de très loin, fascinés par le monde occidental et la démesure des bolides de Formule 1.

Un duel brésilien au sommet

Le plateau de 1986 est l’un des plus relevés de l’histoire de la discipline. Nigel Mansell mène alors le championnat avec 51 points, devant Alain Prost (44) et Nelson Piquet (38). Pourtant, ce n’est aucun des trois qui signe la pole position sur ce nouveau tracé sinueux. C’est un certain Ayrton Senna, 26 ans, au volant de sa Lotus Renault, qui surgit en haut de la feuille des temps. Un prodige est déjà en marche.

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Le jour de la course, Senna prend un départ parfait. Mansell tente bien de s’intercaler, mais Piquet reprend rapidement l’avantage et se lance à la poursuite de son compatriote. Très vite, un mano a mano brésilien s’installe. Sans le moindre dispositif d’aide au dépassement comme le DRS, il faut tout miser sur la trajectoire, la stratégie, et la puissance brute. Au douzième tour, Piquet s’offre une première fois Senna en bout de ligne droite, mais le combat ne fait que commencer.

Senna reprend la tête grâce à une meilleure stratégie d’arrêts. Il creuse un écart de près de 9 secondes. De son côté, Prost vit un calvaire, entre problèmes mécaniques et accrochage avec René Arnoux. L’abandon est inévitable. Pendant ce temps, la lutte pour la victoire s’intensifie en tête.

Le dépassement de l’année

Nelson Piquet n’a pas dit son dernier mot. Grâce à une modification du réglage de son moteur Honda turbo, il enclenche un mode plus agressif. La puissance revient, la Williams fond sur la Lotus. En trois tours, l’écart est comblé. Le moment décisif intervient au 55e tour. À l’approche du premier virage, Piquet freine très tard, bloque ses roues, met sa voiture en glisse mais tient sa trajectoire. Le dépassement est magistral, l’un des plus spectaculaires de la décennie. Ayrton Senna, pourtant réputé pour sa défense acharnée, ne peut rien faire.

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Nelson Piquet conserve ensuite l’avantage jusqu’au drapeau à damiers. Il remporte la course devant Senna et Mansell. La première édition du Grand Prix de Hongrie est un succès complet. Elle marque le début d’un lien fort entre la Formule 1 et la Hongrie, qui ne s’est jamais démenti depuis.

Une place à part dans l’histoire

Le Hungaroring n’a jamais quitté le calendrier depuis ce jour de 1986. Il a vu les premières victoires d’Alonso et d’Ocon, les exploits de Schumacher et Hamilton, mais surtout, il reste ce circuit par lequel la F1 a osé franchir une frontière invisible. Celle d’un monde coupé en deux, mais réuni, le temps d’un Grand Prix, par la passion de la vitesse et de la compétition.

Clément

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