Le circuit de la Sarthe vient d’entrer une nouvelle fois dans l’histoire du sport automobile. Ce dimanche à 16h, Ferrari a signé un triplé inédit aux 24 Heures du Mans, remportant sa troisième victoire d’affilée dans l’épreuve la plus mythique du Championnat du Monde d’Endurance (WEC). Mais cette 93e édition restera aussi dans les annales pour une autre raison majeure : la première victoire d’un pilote chinois, Ye Yifei, dans cette course de légende. Un exploit collectif et symbolique qui renforce la place de Ferrari dans la modernité de l’endurance.
Une arrivée sous haute tension : quatre voitures en moins de 30 secondes
Il y avait du suspense jusqu’au dernier tour sur le bitume sarthois. Jamais dans l’histoire des 24 Heures du Mans on n’avait vu quatre Hypercars franchir la ligne d’arrivée avec moins de 30 secondes d’écart après 24 heures de course. Cette édition a été une véritable bataille d’orfèvres, où chaque écurie de tête a dû composer avec des incidents, des arrêts stratégiques et une météo capricieuse.
C’est la Ferrari 499P n°83 qui a fini par s’imposer, au terme d’un dernier relais exceptionnellement maîtrisé par Robert Kubica, ancien pilote de F1. L’équipe formée avec Ye Yifei et Phil Hanson a su tirer le meilleur de sa machine pour devancer la Porsche n°6, pourtant auteur d’une remontée spectaculaire et sans faute.
Ye Yifei : pionnier et symbole de la montée de la Chine dans le sport auto
À 24 ans, Ye Yifei entre dans l’histoire comme le premier pilote né et formé en Chine à remporter les 24 Heures du Mans. Formé au karting dans sa ville natale de Xi’an avant de rejoindre la F4 française il y a dix ans, Ye a gravi les échelons avec détermination. Après un passage chez Porsche en Hypercar, c’est avec Ferrari qu’il signe cette consécration mondiale. Son succès dépasse la sphère sportive : il incarne une nouvelle génération de pilotes asiatiques prêts à se faire une place dans un monde longtemps dominé par l’Europe et les États-Unis.
Le retour en grâce de Robert Kubica
L’émotion était palpable à l’arrivée, notamment pour Robert Kubica, dont le parcours est l’un des plus touchants du sport automobile. Le Polonais de 40 ans, ex-vainqueur du Grand Prix du Canada 2008 en F1, avait vu sa carrière brisée en 2011 par un dramatique accident de rallye. Lourdement handicapé au bras droit, il a pourtant réussi à revenir en F1 avec Williams en 2019, avant de se tourner vers l’endurance.
En 2021, il avait déjà entrevu la victoire au Mans… mais avait dû abandonner dans le dernier tour en LMP2, à court de carburant. Trois ans plus tard, c’est une revanche éclatante, obtenue dans la catégorie reine, qui récompense sa résilience.
Ferrari, reine de l’endurance
La victoire de la n°83 confirme la domination impressionnante de Ferrari depuis son retour en Hypercar. Après les victoires de la n°51 en 2023 et de la n°50 en 2024, c’est désormais la n°83 qui inscrit son nom au palmarès. Une belle démonstration de régularité et de performance du constructeur italien, qui a su revenir au sommet de l’endurance avec brio.
Même les pénalités, les crevaisons et les incidents de course n’ont pas suffi à faire chuter les bolides rouges, capables de revenir à la lutte à chaque fois. Ferrari signe ainsi une performance d’ensemble magistrale, faisant honneur à son nom dans une course d’endurance plus relevée que jamais.
Porsche impressionne, Toyota et Cadillac déçoivent
La Porsche n°6 pilotée par Kevin Estre a livré une course exemplaire, remontant depuis la dernière place des Hypercars pour finalement terminer à seulement 14 secondes du vainqueur. Un parcours sans faute et une vraie démonstration de vitesse et de régularité.
En revanche, les Cadillac, Toyota, Peugeot et Alpine n’ont pas été à la hauteur des espérances. Problèmes de rythme, usure rapide des pneus, incidents mineurs… Malgré une relative fiabilité, les Français et Japonais n’ont pas pu jouer la gagne jusqu’au bout. Une mention spéciale toutefois pour Alpine et Peugeot, qui parviennent à ramener leurs voitures à l’arrivée.
En LMP2 et GT3 : duel franco-polonais et domination Porsche
En LMP2, la victoire revient à l’écurie Inter Europol, avec Tom Dillmann au volant, qui a résisté jusqu’au bout aux assauts de la ORECA du VDS Panis Racing. Un affrontement serré entre pilotes français qui a animé cette catégorie jusqu’au dernier tour.
En GT3LM, la Porsche Manthey n°92 de Richard Lietz a brillé, s’imposant avec un tour d’avance. Lietz, considéré comme un mentor chez Porsche, confirme son talent et décroche une nouvelle victoire dans la Sarthe.
Une édition 2025 inoubliable
Entre les records de régularité, la première victoire d’un pilote chinois, la rédemption de Kubica et la confirmation de Ferrari au sommet, les 24 Heures du Mans 2025 resteront une cuvée exceptionnelle. Elles incarnent à la fois l’évolution mondiale du sport automobile et la capacité de cette course à écrire, encore et toujours, les plus belles pages de la compétition.
