Elon Musk : de héros à frein de la voiture électrique, comment l’image du patron de Tesla plombe le marché
Elon Musk est longtemps apparu comme le visage incontournable de la voiture électrique. Dès 2008, avec le lancement de la Tesla Roadster, il a su populariser une idée encore marginale : celle d’un véhicule performant, désirable, et propre. Cette ambition, portée par un entrepreneur visionnaire, a contribué à faire basculer l’industrie automobile vers une transition énergétique plus respectueuse de l’environnement. Pourtant, en 2025, le récit semble s’inverser. La figure d’Elon Musk, autrefois moteur du changement, est désormais devenue un frein majeur à l’adoption massive des véhicules électriques.
Un virage politique controversé éloigne les acheteurs
Le virage politique très clivant adopté par Elon Musk ces dernières années a profondément affecté sa popularité. Son rapprochement avec des figures comme Donald Trump, ainsi que son rôle dans la nouvelle administration américaine, ont suscité de vives critiques. À cela s’ajoute une polémique majeure née d’un geste ambigu perçu comme un salut nazi, ce qui a durablement terni son image. Ce changement d’attitude ne concerne pas seulement la perception de Musk lui-même, mais impacte directement la confiance accordée à la voiture électrique. Ce paradoxe inédit marque un tournant dans la manière dont la technologie est vue par les consommateurs.
Le poids de l’image du dirigeant sur toute une technologie
L’étude réalisée par la psychologue Alexandra Flores du Williams College, publiée récemment, met en lumière ce phénomène unique : l’image d’Elon Musk est devenue si liée à celle des voitures électriques que son rejet personnel influence désormais la perception globale de cette technologie. Chez les électeurs démocrates américains, l’envie d’acheter un véhicule électrique a chuté depuis 2023. Ce recul ne s’explique pas par des doutes technologiques ou environnementaux, mais par une aversion envers le personnage de Musk. Pour eux, la voiture électrique a perdu de son attractivité car elle est associée à un homme devenu politiquement toxique.
L’effet inverse attendu chez les républicains ne s’est pas non plus matérialisé. Malgré une image de Tesla plus favorable auprès de certains, la méfiance à l’égard des véhicules électriques persiste. Chez une partie de cet électorat, la voiture électrique demeure un symbole d’engagement environnemental souvent perçu comme incompatible avec leurs valeurs conservatrices. Ce double rejet politique crée un blocage inédit pour l’ensemble du marché.

Des chiffres qui reflètent une tendance inquiétante
Les données du marché viennent confirmer ce déclin. Aux États-Unis, les ventes de Tesla ont baissé de 12 % au deuxième trimestre 2025, une chute significative pour le leader historique de l’électrique. En Californie, berceau de Tesla, les immatriculations diminuent depuis plus de six trimestres consécutifs. Ce phénomène ne se limite pas à Tesla, puisque d’autres constructeurs électriques constatent eux aussi un ralentissement. La part de marché des véhicules électriques, qui devait dépasser les 10 % cette année, semble désormais stagner.
Cette désaffection s’explique aussi par un changement dans l’état d’esprit des consommateurs. Selon Alexandra Flores, la fierté liée à la conduite d’un véhicule propre s’est émoussée. Pour beaucoup, la voiture électrique n’est plus un symbole de modernité et de progrès écologique, mais un produit politique chargé, reflet des divisions sociales.
Un frein inattendu à la transition énergétique
Elon Musk incarne aujourd’hui une contradiction majeure. Celui qui a largement contribué à faire émerger la voiture électrique se retrouve paradoxalement responsable de sa perte d’attractivité. Sa présence médiatique et ses prises de position politiques influencent négativement la demande, y compris auprès de publics traditionnellement favorables à la transition énergétique.
Ce constat invite à une réflexion importante sur l’image des technologies dans la société. Au-delà des performances techniques ou des bénéfices environnementaux, le succès commercial d’une innovation dépend aussi de la perception collective et du capital de confiance accordé à ses porte-paroles.
Un espoir demeure pour l’électrique
Il reste possible que la voiture électrique retrouve son essor si elle parvient à se dissocier de la personnalité d’Elon Musk. De nombreux acteurs du secteur tentent déjà de repositionner cette technologie, en insistant sur ses avantages intrinsèques, indépendamment des polémiques qui entourent le fondateur de Tesla.
La transition vers une mobilité plus durable reste une nécessité. Pourtant, l’exemple du « Musk effect » montre combien elle peut être fragilisée par des facteurs inattendus, notamment liés à l’image des dirigeants et à leur engagement politique. Le chemin vers une adoption massive des nouvelles énergies automobiles s’avère plus complexe qu’une simple question technologique.
