DS 3 et DS 3 Crossback : pourquoi le SUV de luxe français a été un échec
Depuis son lancement, DS Automobiles ambitionne de devenir un véritable acteur du luxe automobile français. Pourtant, si le DS 7 a su trouver sa place dans le paysage, son petit frère DS 3, d’abord baptisé Crossback, n’a jamais réussi à convaincre le marché. Un revers difficile pour un modèle présenté comme une arme stratégique dans un segment ultra-porteur.
Un projet pensé pour concurrencer les allemands
Créée en 2014, la marque DS devait prolonger l’héritage de la légendaire DS de 1955 et du succès populaire de la Citroën DS3. L’idée était claire, offrir un label français capable de rivaliser avec Audi, BMW et Mercedes. Le DS 7 Crossback a marqué une entrée remarquée, notamment lorsqu’il s’est affiché aux côtés du président Macron lors de son investiture. Mais pour s’imposer pleinement, DS devait aussi s’attaquer au segment des SUV urbains, véritable poumon des ventes en Europe.
Un modèle séduisant sur le papier
Le DS 3 Crossback est apparu fin 2018 avec de solides arguments. Compact avec ses 4,12 mètres, il affichait un design travaillé, à la fois chic et singulier. L’habitacle, raffiné et original, était décliné en plusieurs ambiances dont certaines très haut de gamme comme la finition Opéra Art Rubis. Sous le capot, la diversité des motorisations semblait adaptée aux attentes avec essence, diesel et même une déclinaison électrique de 136 ch. À l’usage, le confort, l’insonorisation et la qualité des suspensions faisaient honneur à la promesse de luxe à la française. Face à lui, l’Audi Q2 représentait la principale concurrence, mais DS semblait en mesure de se faire une place.

Des ventes rapidement en berne
Malgré ces qualités, la carrière du DS 3 Crossback s’est avérée décevante. Entre 2019 et août 2025, il n’a séduit qu’un peu plus de 40 000 clients en France. Son meilleur millésime reste 2020, avec un peu plus de 10 000 immatriculations, un chiffre modeste pour un modèle censé incarner une alternative premium française. À titre de comparaison, le DS 7 a convaincu près de 57 000 acheteurs sur la même période.
Un manque criant d’habitabilité
L’un des reproches majeurs concerne son espace intérieur. Avec un empattement limité à 2,54 m, le DS 3 Crossback souffre d’une habitabilité réduite, bien inférieure à celle d’un Renault Captur pourtant équivalent en gabarit. La modularité inexistante, contrairement à la banquette coulissante du Captur, a accentué cette impression d’étroitesse. Pour un SUV urbain, souvent choisi pour sa polyvalence, ce défaut s’est révélé rédhibitoire pour de nombreux acheteurs.
Un positionnement tarifaire délicat
Autre frein, le prix. Lors de son lancement, le DS 3 Crossback était affiché à 23 500 € en entrée de gamme essence. En comparaison, un Peugeot 2008 plus puissant démarrait à 21 900 €, tandis qu’un Citroën C3 Aircross coûtait moins de 20 000 €. Cette différence tarifaire aurait pu être compensée par une forte image de marque, comme c’est le cas pour Mini ou Audi. Mais DS, jeune label encore en quête de notoriété, ne bénéficiait pas de ce capital confiance. Résultat, beaucoup d’acheteurs se sont tournés vers des concurrents mieux établis.

Un restylage sans impact réel
En 2022, DS a tenté de relancer la carrière de son modèle en l’allégeant de l’appellation Crossback pour le rebaptiser DS 3. Les retouches esthétiques et techniques n’ont pas suffi à redresser la barre. Les ventes sont restées faibles, oscillant entre 5 000 et 6 000 unités par an en France. Le changement de nom n’a pas corrigé le déficit d’image qui collait au modèle depuis ses débuts.
Un problème plus large pour DS Automobiles
L’échec du DS 3 illustre un mal plus profond. La marque peine globalement à trouver sa place. La DS 4, par exemple, se vend deux fois moins qu’une BMW Série 1 et reste très en retrait face à la Peugeot 308. La DS 9, censée incarner le porte-étendard du luxe français, a également été arrêtée faute de succès. Aujourd’hui, la nouvelle DS N°8, 100 % électrique et proposée à partir de 59 500 €, cherche à s’imposer, mais elle aussi devra affronter le scepticisme d’un marché exigeant.
Une attente autour de la future DS N°3
Pour effacer l’échec du DS 3 Crossback, la marque prépare une nouvelle offensive. La future DS N°3, prévue pour 2027, abandonnera le format SUV urbain pour revenir à une configuration de citadine classique. L’objectif sera de séduire un public plus large avec une offre cohérente, à la fois en termes de prix et d’usage. DS n’a pas le droit à l’erreur s’il veut consolider son statut et espérer s’imposer durablement comme un acteur crédible du luxe automobile français.
