Dieselgate : Renault face à un troisième procès retentissant pour fraude aux moteurs diesel
Près de dix ans après les révélations initiales qui ont secoué le groupe Volkswagen, le Dieselgate continue d’étendre ses ramifications judiciaires. Ce 25 juin 2025, le parquet de Paris a requis un troisième procès contre Renault, soupçonné d’avoir volontairement modifié le fonctionnement de ses moteurs diesel pour fausser les résultats lors des tests d’homologation entre 2009 et 2017. Déjà mis en examen depuis 2021, le constructeur français fait désormais face à une pression judiciaire croissante qui pourrait aboutir à un renvoi devant le tribunal correctionnel.
Une stratégie technique mise en cause
Selon les éléments fournis par l’Agence France-Presse, les enquêteurs soupçonnent Renault d’avoir paramétré certains de ses moteurs diesel de manière à réduire artificiellement leurs émissions polluantes lors des tests en laboratoire. Ces ajustements ciblaient les normes Euro 5 et Euro 6 en vigueur à l’époque, tout en permettant au véhicule de polluer davantage en conditions réelles. Environ 900 000 véhicules seraient concernés, ce qui aurait généré un chiffre d’affaires avoisinant les 16,85 milliards d’euros.
La gravité des accusations ne repose pas uniquement sur la manipulation technique, mais également sur les impacts sanitaires potentiels. Le parquet souligne que ces émissions excessives d’oxydes d’azote auraient pu contribuer à la dégradation de la qualité de l’air et à l’apparition de maladies respiratoires chez certaines populations.
Renault conteste les faits
Le constructeur automobile réfute depuis le début toute intention de tromperie. Dans ses déclarations précédentes, Renault affirme s’être strictement conformé à la réglementation en vigueur au moment des faits. À ce stade, les avocats de la marque n’ont pas commenté les dernières réquisitions. Il n’en demeure pas moins que cette nouvelle étape dans l’affaire place l’entreprise dans une posture délicate, à un moment où elle cherche à affirmer son virage vers la mobilité électrique et la neutralité carbone.
Ce qui pourrait nuancer les responsabilités individuelles de Renault, c’est que d’autres constructeurs sont également impliqués dans des stratégies similaires. Le scandale initial ayant éclaboussé Volkswagen, suivi de PSA (Peugeot-Citroën), montre que la pratique d’optimisation des moteurs pour passer les tests semble avoir été relativement répandue dans l’industrie automobile à cette époque.
Un scandale aux multiples ramifications
Le dossier Renault est emblématique de l’ampleur qu’a pris le Dieselgate. À ce jour, plus de 380 parties civiles se sont constituées. On y retrouve des particuliers, des ONG, ainsi que des municipalités comme Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier. Ces dernières invoquent les conséquences sanitaires et environnementales engendrées par la fraude supposée.
Cette mobilisation massive des parties civiles souligne que l’affaire dépasse largement le cadre d’une simple entorse à la réglementation technique. Elle interroge les pratiques systémiques de l’industrie, la rigueur des protocoles de contrôle et la responsabilité morale des entreprises vis-à-vis de l’intérêt général.
Vers un procès en correctionnelle ?
La balle est désormais dans le camp du juge d’instruction. Il devra décider s’il donne suite aux réquisitions du parquet, ouvrant ainsi la voie à un procès public. Si tel est le cas, Renault devra comparaître pour répondre aux accusations de tromperie aggravée, une infraction passible de lourdes sanctions pénales et financières.
Ce nouvel épisode judiciaire survient dans un contexte déjà complexe pour Renault, marqué par des transformations profondes au sein du groupe, le départ programmé de son PDG Luca de Meo, et des enjeux cruciaux liés à la transition énergétique. Le risque d’un troisième procès pourrait perturber les ambitions du constructeur, qui tente de restaurer son image et regagner la confiance du public.
Une affaire loin d’être close
Le Dieselgate continue d’alimenter les chroniques judiciaires européennes. À chaque nouvelle avancée, il révèle les failles d’un système de régulation qui a, durant des années, permis à certains industriels de jouer avec les règles. En visant Renault, la justice française montre qu’elle n’entend pas clore trop rapidement le chapitre de la responsabilité. La décision à venir du juge d’instruction sera donc scrutée de près, tant par les victimes présumées que par les observateurs du secteur.
Une décennie après les premières révélations, le scandale semble encore loin d’être terminé. Et pour Renault, l’ombre du Dieselgate plane plus que jamais sur son avenir.
