Coup de tonnerre chez Renault : Gilles Vidal quitte la marque pour prendre la tête du design européen de Stellantis

Renault vit une période de turbulence sans précédent. Alors que le départ de Luca de Meo, directeur général charismatique, fait encore l’effet d’un électrochoc, un autre départ stratégique est annoncé : Gilles Vidal, patron du design de la marque au losange, pliera bagage à son tour. Le 1er octobre prochain, il rejoindra Stellantis, où il prendra la tête du design des marques européennes du groupe. Une nouvelle qui résonne comme un véritable séisme dans l’univers automobile.

Une trajectoire marquée par des coups d’éclat stylistiques

Gilles Vidal est loin d’être un inconnu dans le monde du design automobile. Formé chez Citroën, il s’était illustré chez Peugeot à partir de 2010 en imprimant une nouvelle signature stylistique. Son approche, faite d’angles marqués, de lignes tendues et d’une identité forte, a permis à la marque au lion de redorer son image, à travers des modèles iconiques comme la 208, le 2008 ou encore le 3008. Ces véhicules ont largement contribué à la renaissance de Peugeot dans les années 2010, en captant une clientèle sensible au design sans compromis.

En 2020, son transfert chez Renault avait déjà fait couler beaucoup d’encre. Sous l’impulsion de Luca de Meo, il avait été chargé de dépoussiérer l’esthétique de la marque, longtemps restée fidèle à un design plus arrondi, héritage de Laurens van den Acker. Vidal a très vite imprimé sa marque avec des lignes plus incisives, des formes sculptées, et un retour au style affirmé. Le Scenic E-Tech a marqué un tournant, mais c’est surtout la réinterprétation des Renault 4 et 5 qui a fait mouche : un équilibre maîtrisé entre modernité et nostalgie.

Le retour aux sources sous le signe de Stellantis

Cinq ans après son départ du groupe PSA, Gilles Vidal revient donc dans le giron de Stellantis. Mais cette fois, c’est à une toute autre échelle qu’il intervient. Il supervisera le design des marques européennes du groupe, en tandem avec Ralph Gilles, directeur du design au niveau mondial. Cette nouvelle mission englobe des noms aussi prestigieux que Citroën, Peugeot, DS, Opel, Fiat, Alfa Romeo, Abarth ou encore Lancia.

Il succède à Jean-Pierre Ploué, figure historique du design automobile en Europe, et travaillera sous la direction de Jean-Philippe Imparato, responsable des opérations européennes du groupe Stellantis. Le défi s’annonce de taille : renforcer l’identité de marques parfois en perte de vitesse, restaurer leur aura et proposer des orientations stylistiques capables de séduire un marché toujours plus concurrentiel.

Des attentes fortes pour chaque marque

Parmi les grands chantiers à venir, la relance de Lancia occupe une place de choix. Annoncée pour 2028, la nouvelle Lancia Delta devra incarner une véritable renaissance. Inspiré par l’élan néo-rétro insufflé à la Renault 5, Gilles Vidal pourrait bien réitérer un coup de maître. Encore faut-il que la stratégie produit et les motorisations suivent. Pour l’instant, les choix mécaniques de Stellantis restent prudents, avec une large place accordée aux blocs micro-hybrides.

Chez DS, la marque de luxe française du groupe, les ambitions initiales peinent encore à se concrétiser en parts de marché significatives. Le style, pourtant soigné, ne parvient pas toujours à convaincre au-delà des frontières hexagonales. L’intervention de Gilles Vidal pourrait offrir un nouveau souffle à cette marque encore jeune, mais qui peine à trouver sa voie.

Citroën, quant à elle, souffre d’un net recul de ses ventes et d’un positionnement qui semble flou. Longtemps reconnue pour son audace et sa créativité, la marque s’est un peu assagie, voire banalisée. Un virage stylistique fort pourrait lui permettre de renouer avec ses racines et de retrouver un public lassé des produits trop consensuels.

Quant à Peugeot, elle devra affronter un défi de continuité. Après des modèles salués pour leur audace, les derniers nés n’ont pas su provoquer le même engouement. Le retour de Vidal pourrait permettre de redynamiser l’image de la marque et de restaurer un lien émotionnel fort avec les acheteurs.

Un tournant stratégique pour Stellantis

Le choix de Gilles Vidal est tout sauf anodin. Il symbolise la volonté du groupe Stellantis de reprendre la main sur le design, élément déterminant dans la bataille des parts de marché. À l’heure où les véhicules se ressemblent de plus en plus en raison des normes techniques et des plateformes partagées, le style devient un facteur différenciant crucial. En confiant cette mission à un designer réputé pour sa capacité à réinventer le langage visuel d’une marque, Stellantis affiche clairement ses ambitions.

Avec le départ de Luca de Meo et de Gilles Vidal, Renault perd deux figures clés de sa relance. Pour Stellantis, c’est un double bénéfice : non seulement le groupe se renforce avec des profils expérimentés et créatifs, mais il affaiblit aussi un concurrent direct. Ce jeu de chaises musicales pourrait bien redessiner le paysage de l’industrie automobile européenne dans les années à venir.