
Il y a à peine un an, MG s’imposait comme un acteur incontournable du marché électrique en France, avec une gamme centrée sur des véhicules à batterie comme la populaire MG4. Pourtant, le paysage a radicalement changé. En l’espace de douze mois, la part des voitures 100 % électriques dans les ventes de la marque a chuté de 80 % à seulement 14 %, une transition fulgurante vers l’hybride qui soulève de nombreuses interrogations.
Une stratégie contrainte par le contexte européen
Pour comprendre ce virage, il faut d’abord revenir sur le contexte commercial. MG, propriété du groupe chinois SAIC, a été frappée de plein fouet par la politique européenne de taxation des véhicules chinois. En 2024, l’Union européenne a imposé de lourds droits de douane sur les importations de voitures électriques chinoises afin de contrer une concurrence jugée déloyale. Résultat : MG s’est vu appliquer certains des plus forts niveaux de taxation, impactant directement la rentabilité de ses véhicules électriques.
Plutôt que de répercuter cette hausse sur les prix — au risque de devenir non compétitif — ou d’absorber le choc en interne — au risque de fragiliser son réseau — MG a choisi une autre voie : anticiper. Le constructeur a constitué d’importants stocks de MG4 avant la mise en application des nouveaux droits de douane. Depuis, les ventes continuent, mais uniquement sur la base de ce stock, la production ayant été arrêtée dès décembre 2024.
Un marché de l’électrique qui plafonne
Au-delà des contraintes douanières, MG n’échappe pas au ralentissement global du marché de l’électrique. La croissance fulgurante des années précédentes s’essouffle. En cause : une demande en baisse, une offre concurrentielle en forte expansion (notamment avec l’arrivée de modèles comme le Skoda Elroq), mais aussi une certaine saturation du marché. Les primo-accédants à l’électrique ont déjà franchi le pas, et les autres restent plus hésitants, freinés par le prix, l’autonomie ou le manque d’infrastructures de recharge.
Face à cette réalité, MG a rapidement réorienté sa stratégie produit. Le catalogue s’est étoffé de modèles hybrides, à commencer par la MG3 et le MG EHS Hybrid+, venus concurrencer les Peugeot 3008 ou Renault Austral. Résultat : en 2024, les véhicules hybrides non rechargeables représentent 76 % des ventes de la marque en France, et les hybrides rechargeables 10 %. Une inversion spectaculaire du mix produit qui témoigne d’une agilité certaine.
Des ventes en volume, mais à quel prix ?
Cette mutation a cependant un coût pour MG. Le passage à l’hybride a tiré le prix moyen de vente vers le bas : environ 21 000 € HT pour une hybride, contre 28 000 € HT pour une électrique. Cela pèse lourdement sur les marges, aussi bien pour la marque que pour son réseau de distribution. Pour compenser cette perte de rentabilité, MG mise donc sur le volume.
En 2025, le constructeur espère atteindre les 300 000 ventes en Europe, contre 240 000 l’an dernier. Et les signaux sont encourageants : les carnets de commande sont en hausse de 76 %, dopés par le succès des modèles hybrides accessibles. Mais cette stratégie de volume ne suffit pas à compenser la perte de valeur sur les véhicules électriques.
La question épineuse de la seconde main
Cinq ans après son retour en France, MG se retrouve également confronté à un nouveau défi : la gestion des véhicules électriques d’occasion, en particulier la MG4. Les premiers retours de leasing arrivent sur le marché, et la revente de ces modèles s’avère délicate. La marque a dû mettre en place des aides à la revente pouvant aller jusqu’à 2500 € pour soulager ses concessionnaires. Une aubaine pour les clients — certains modèles de 2 ans et 20 000 km se négocient à moins de 20 000 €, avec encore 4 ou 5 ans de garantie — mais un vrai casse-tête en matière de rentabilité.
Un avenir encore flou mais chargé
Malgré ces bouleversements, MG ne compte pas renoncer à l’électrique. Plusieurs nouveautés sont prévues dès 2025, dont une version restylée de la MG4, ainsi que la grande sœur MGS6. Trois autres modèles sont attendus dans l’année, dont un positionné sur un segment plus accessible. De quoi peut-être relancer l’attrait pour le VE, à condition que les conditions de marché s’améliorent.
En attendant, MG reste pragmatique. Le constructeur sait que le retour à un mix 80 % électrique n’est pas pour tout de suite. Mais en se montrant réactif et en diversifiant son offre, il s’assure de rester compétitif, même dans un marché en pleine mutation.