Bruxelles veut imposer les flottes 100 % électriques dès 2030 : l’Allemagne monte au front

Bruxelles veut imposer les flottes 100 % électriques dès 2030 : l’Allemagne monte au front

L’idée semblait aller dans le sens de l’histoire : accélérer la transition vers la mobilité électrique en s’attaquant à l’un des leviers les plus puissants du marché automobile, celui des flottes de location. Pourtant, la proposition à l’étude à Bruxelles, qui viserait à interdire aux loueurs et grandes entreprises d’acheter des véhicules thermiques à partir de 2030, s’attire déjà les foudres de l’Allemagne. Pour Berlin, cette décision serait non seulement prématurée, mais surtout risquée pour l’équilibre d’une industrie automobile européenne déjà fragilisée.

Un projet de la Commission qui divise

C’est le quotidien allemand Bild qui a révélé l’existence de ce projet de la Commission européenne. Il prévoit qu’à partir de 2030, les loueurs de voitures ainsi que les entreprises disposant de grandes flottes ne puissent plus acquérir que des véhicules électriques. Une manière de forcer le passage à l’électrique, cinq ans avant l’interdiction généralisée de la vente de voitures neuves à moteur thermique prévue pour 2035 dans l’Union.

La logique derrière cette mesure est simple : les flottes représentent environ 60 % des immatriculations de voitures neuves sur le Vieux Continent. En les orientant massivement vers l’électrique, Bruxelles entend créer un effet boule de neige, qui stimulerait non seulement la demande en véhicules à batterie, mais aussi le marché de l’occasion dans les années suivantes.

LIRE AUSSI :  A1 : amendes dès le 16 octobre pour la voie de covoiturage

La riposte de l’Allemagne

Mais pour l’Allemagne, cette vision relève d’une précipitation dangereuse. Le chancelier Friedrich Merz n’a pas tardé à faire entendre sa voix. À ses yeux, imposer une telle contrainte dès 2030 ne tient pas compte des réalités industrielles et technologiques. Il dénonce une mesure « complètement à côté des besoins actuels », et alerte sur les effets qu’elle pourrait avoir sur l’industrie automobile, l’une des locomotives économiques de l’Europe.

Merz évoque une « erreur stratégique », insistant sur le fait qu’aucune technologie ne peut être considérée comme une solution unique, surtout si son déploiement à grande échelle reste entravé par des freins logistiques, économiques ou structurels. Il estime également que l’Allemagne, contributeur majeur au budget européen, a son mot à dire dans les grandes orientations de l’Union.

Des implications concrètes pour les acteurs du marché

Le projet de Bruxelles, s’il venait à être confirmé, aurait des conséquences immédiates pour de nombreux secteurs. Les loueurs de voitures, comme Sixt, anticipent déjà les difficultés qu’une telle transition pourrait engendrer, notamment dans les zones moins bien desservies par les infrastructures de recharge. Le directeur général du groupe, Nico Gabriel, a ainsi exprimé ses craintes quant à l’offre disponible, au prix des véhicules et à l’autonomie encore insuffisante pour certains usages.

LIRE AUSSI :  Tesla Model Y Standard : un prix canon, mais à quel prix ?

Du côté des constructeurs, une mise en œuvre en 2030 signifierait un raccourcissement net de la durée de vie commerciale des modèles thermiques. Une stratégie qui risquerait de pénaliser les marques n’ayant pas encore totalement converti leur gamme, ou qui misent encore sur des technologies hybrides comme étape intermédiaire.

Un débat qui promet d’être tendu à Bruxelles

Alors que les discussions officielles n’en sont qu’à leurs débuts, la réaction rapide et virulente de l’Allemagne donne le ton. Le projet de la Commission européenne touche à des enjeux industriels, économiques, technologiques et même géopolitiques. Entre ambition climatique et réalité du terrain, l’équilibre à trouver s’annonce complexe.

Les prochaines semaines seront déterminantes. D’autres États membres pourraient rejoindre Berlin dans sa critique du calendrier proposé, tandis que les partisans d’une transition accélérée pousseront pour maintenir le cap. Une chose est sûre : le consensus européen sur la fin du thermique n’est pas aussi solide qu’il y paraît, surtout lorsqu’il s’agit de l’appliquer de manière anticipée à un pilier du marché automobile.

Clément

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Finauto
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.