
Alors que nombre de constructeurs automobiles revoient discrètement leurs ambitions vers une électrification totale, BMW assume fièrement sa ligne de conduite. La firme bavaroise ne renonce pas à son héritage thermique, bien au contraire. Klaus von Moltke, responsable de l’usine BMW de Steyr en Autriche, l’affirme avec force : le moteur à combustion reste un fondement de la stratégie industrielle du groupe.
Un moteur toujours central dans la stratégie BMW
L’usine de Steyr, spécialisée dans la production de moteurs, a fabriqué 1,2 million d’unités en 2024. Ce chiffre témoigne de l’importance que BMW accorde encore à ses blocs essence et Diesel. Pour von Moltke, le moteur thermique n’est pas un vestige du passé, mais une technologie moderne et évolutive, capable de soutenir les investissements vers les nouvelles mobilités, notamment électriques.
BMW développe activement des moteurs conformes aux futures normes Euro 7, couvrant une large gamme de cylindrées, du trois au huit cylindres. Cette évolution n’est pas un simple sursaut conservateur : elle s’inscrit dans une vision stratégique qui considère que le thermique a encore un rôle à jouer, à condition d’être plus propre et plus efficient.
Le Diesel, loin d’être abandonné
Fait notable : BMW continue de miser sur le Diesel. Le constructeur teste le carburant HVO100 (huile végétale hydrotraitée), une alternative aux carburants fossiles, promettant jusqu’à 90 % de réduction des émissions de CO2. Utilisé déjà en sortie d’usine sur certains modèles, le HVO100 permet de concilier performances et respect de l’environnement, notamment grâce à une meilleure combustion à froid. Ce choix démontre une volonté de concilier durabilité et motorisation traditionnelle, en phase avec les attentes de nombreux clients professionnels et grands rouleurs.
Une électrification progressive, sans radicalisme
Si BMW ne renonce pas à son ADN thermique, il n’ignore pas non plus la révolution électrique en cours. L’usine de Steyr produit désormais aussi des moteurs pour les modèles 100 % électriques de nouvelle génération. Le futur iX3, attendu pour septembre 2025, en est l’un des symboles. Sa production de série débutera en Hongrie d’ici la fin de l’année.
BMW vise un équilibre entre les ventes thermiques et électriques d’ici 2030. En 2025, les modèles zéro émission représentent déjà 19 % des livraisons mondiales du groupe, incluant les marques Mini et Rolls-Royce. L’objectif est clair : atteindre 50 % de véhicules électriques à la fin de la décennie, sans fixer de date limite pour l’abandon du thermique.
Un pragmatisme assumé face aux incertitudes réglementaires
Interrogé sur l’interdiction annoncée des moteurs thermiques en Europe à partir de 2035, Klaus von Moltke préfère rester prudent. « Ce n’est pas notre rôle d’émettre des hypothèses. Nous devons être prêts à toutes les options », explique-t-il. BMW se positionne ainsi comme un constructeur réaliste, préférant s’adapter aux évolutions du marché et des réglementations plutôt que de s’enfermer dans une stratégie univoque.
Ce pragmatisme se retrouve aussi dans la gamme BMW M. La prochaine génération de M3 conservera un six cylindres essence, vraisemblablement électrifié, tandis qu’une version 100 % électrique viendra enrichir l’offre. De son côté, la M5 adopte déjà une motorisation hybride rechargeable avec un V8, preuve que la sportivité peut cohabiter avec l’efficience.
Un pied dans le futur, l’autre dans le présent
BMW trace donc une trajectoire singulière dans l’industrie automobile, refusant de tourner le dos à son passé pour mieux embrasser l’avenir. Sa stratégie multienergie, mêlant thermique modernisé, hybride et électrique, apparaît aujourd’hui comme un choix cohérent avec les réalités du marché mondial.
Loin d’être une résistance au changement, ce positionnement s’affirme comme une transition maîtrisée. Tant que la demande pour les moteurs thermiques reste forte dans plusieurs régions du globe, notamment en Amérique du Nord, en Asie et dans certaines zones d’Europe, BMW entend répondre à ces attentes sans renier son engagement vers une mobilité plus durable.
En conclusion, le message de BMW est clair : le moteur thermique n’est pas mort. Il évolue, se verdit et continue de financer l’innovation. Une stratégie qui, loin des effets d’annonce, semble taillée pour résister aux incertitudes économiques et réglementaires de l’automobile de demain.