Airbags Takata à La Réunion : BMW Leal répond après un accident grave et dénonce un accès refusé aux données

Airbags Takata à La Réunion : BMW Leal répond après un accident grave et dénonce un accès refusé aux données

L’affaire des airbags défectueux Takata refait surface à La Réunion, où un conducteur a été grièvement blessé à bord d’une BMW Série 3 de génération E46, immatriculée pour la première fois en 2001. Alors qu’une procédure judiciaire est en cours contre le distributeur local Leal Group, l’entreprise apporte un droit de réponse pour préciser son rôle et les limites de son action dans ce dossier complexe qui mêle sécurité, traçabilité des propriétaires successifs et accès aux données administratives.

Ce que l’on sait de l’accident et du véhicule en cause

Le véhicule impliqué est une BMW E46 de 2001, un modèle susceptible d’être équipé d’un airbag Takata concerné par les rappels internationaux. Au fil des années, la voiture a changé plusieurs fois de mains, comme c’est souvent le cas avec des modèles anciens encore en circulation. L’accident a entraîné des blessures graves, avec une incapacité totale de travail supérieure à trois mois selon l’information judiciaire ouverte localement. Au-delà de la tragédie humaine, l’enjeu est désormais d’établir les responsabilités, qu’il s’agisse de l’industriel à l’origine de l’airbag, du constructeur automobile, du distributeur insulaire ou des autorités qui gèrent les données d’immatriculation.

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Leal Réunion invoque l’absence d’accès au SIV

Au cœur de la défense de Leal Group, un point central: l’entreprise affirme ne pas avoir disposé, à l’époque des faits, d’un accès au SIV, le fichier d’immatriculation qui permet d’identifier à un instant donné le titulaire légal d’un véhicule. Selon son manager général Philippe-Alexandre Rebboah, Leal a repris la distribution des marques BMW et Mini sur l’île le 1 octobre 2013 sans historique client, la négociation pour racheter le fichier de l’ancien distributeur ayant échoué. L’entreprise assure avoir sollicité les autorités afin d’obtenir un accès au SIV pour prévenir les propriétaires potentiellement concernés, mais dit s’être heurtée à un refus. Cette version, si elle est confirmée, pose une question simple et lourde de conséquences pour la sécurité publique: comment prévenir un propriétaire lorsque son identité n’est pas accessible au distributeur qui doit gérer une opération de rappel critique.

Traçabilité des propriétaires et responsabilité de l’information

Airbags Takata

La particularité des rappels liés aux airbags Takata tient à la dispersion des véhicules concernés, souvent anciens, revendus à de multiples reprises hors des réseaux officiels. Quand un distributeur se voit confier une marque en cours de route, l’absence de transfert du fichier client de l’ancien opérateur complique sérieusement la diffusion d’alertes personnalisées. Dans le cas de La Réunion, la justice devra déterminer si Leal a entrepris toutes les démarches raisonnables pour retrouver les propriétaires de BMW et Mini à risque, y compris des campagnes publiques et des demandes répétées d’accès aux données administratives. Elle devra aussi clarifier le rôle et la décision des services de l’État, notamment sur les motifs du refus d’ouverture du SIV à un opérateur chargé d’un rappel sécurité d’ampleur.

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Un rappel mondial qui s’essouffle avec l’âge du parc

Vingt ans après l’homologation initiale de nombreux véhicules concernés, la difficulté principale n’est plus tant d’identifier un défaut connu que de localiser et de convaincre les propriétaires d’amener leurs voitures à l’atelier. Les Série 3 E46, par exemple, circulent encore dans des usages variés, parfois hors des circuits d’entretien traditionnels. Les contraintes logistiques insulaires, la multiplicité des garages indépendants et le passage de main en main d’un véhicule de 2001 rendent la chaîne d’information fragmentée. Dans ce contexte, la responsabilité est partagée entre constructeurs, distributeurs, autorités et automobilistes, avec un impératif commun: retirer du trafic, au plus vite, tout véhicule dont l’airbag présente un risque de rupture.

Une campagne locale qui peine à toucher tout le monde

À La Réunion, Leal souligne la mise en œuvre de la campagne Stop Drive, destinée à empêcher la circulation de véhicules identifiés à risque tant que l’airbag n’a pas été remplacé. Spots TV et radio, affichage 4×3, presse locale, réseaux sociaux, animations en centres commerciaux: la panoplie de communication a été largement déployée. Malgré cela, l’entreprise affirme qu’environ 20 000 véhicules, toutes marques confondues, restent encore à traiter sur le territoire. Ce chiffre illustre l’ampleur du défi, entre véhicules dormants, propriétaires injoignables et méfiance persistante face aux rappels tardifs. Il témoigne aussi de la nécessité de croiser les canaux: messages personnalisés quand c’est possible, relais médiatique et partenariats avec les collectivités.

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Le point juridique et assurantiel

Un juge d’instruction a décidé d’ouvrir un dossier pour violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois. La qualification est lourde et place la barre haut pour déterminer qui a failli et à quel niveau. Les assureurs, de leur côté, devront apprécier les diligences de chacun pour statuer sur les indemnisations et les prises en charge des dommages corporels. Si la justice confirme que Leal a bien sollicité l’accès au SIV et multiplié les démarches, une part de responsabilité pourrait incomber aux autorités qui n’auraient pas facilité la traçabilité des propriétaires. À l’inverse, si des manquements sont constatés dans la mise en œuvre locale du rappel, le distributeur devra en répondre.

Qu’attendre maintenant ?

La suite dépendra des vérifications factuelles qui seront menées: preuves de demandes d’accès au SIV, échanges avec l’ancien distributeur sur la transmission des bases clients, calendrier précis des campagnes d’information, nombre de véhicules rappelés et effectivement corrigés depuis 2013. Pour les conducteurs, un rappel demeure gratuit et prioritaire lorsqu’un airbag est concerné. Il est vivement recommandé aux propriétaires de BMW E46 et d’autres modèles potentiellement touchés de vérifier proactivement leur numéro de série auprès du réseau et de prendre rendez-vous sans délai si leur véhicule fait partie des cas à risque. Sur une île où le parc ancien reste important, chaque remplacement d’airbag retiré de la circulation est une blessure grave évitée.

Clément

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